Vatican
135 cardinaux électeurs âgés de moins de 80 ans seront appelés à élire le successeur du pape François, décédé lundi à l’âge de 88 ans. Parmi eux figurent cinq Français. En réalité, un sixième pourrait être comptabilisé : Monseigneur Jean-Paul Vesco, archevêque d’Alger, créé cardinal en octobre 2024. Il témoigne des préparatifs des funérailles du pape François.
Bien qu’il possède la double nationalité franco-algérienne, ce Dominicain, né à Lyon en 1962, représente l’Église d’Algérie. C’est pourquoi il ne figure pas dans la liste officielle des cardinaux français.
À 9h30, lundi 21 avril, Monseigneur Jean-Paul Vesco a appris le décès du pape François. Présent alors dans les montagnes, il est redescendu au plus vite pour prendre un avion à destination de Rome, afin d’assister à la première congrégation des cardinaux et de participer aux prises de décision, notamment sur l’organisation des obsèques du souverain pontife. « C’est encore un moment pour le pape François. Le défunt est dans la pièce d’à côté, à la basilique. Autour de François, il y a une dévotion populaire, une tristesse encore très présente à Rome », confie le cardinal. Les cardinaux assurent collégialement la vacance du siège pontifical. Ils commencent à préparer le conclave, mais toutes les pensées restent tournées vers les funérailles du pape argentin, souligne-t-il.
J’étais venu lui dire : “Très Saint-Père, qu’est-ce que vous attendez de moi ? Pourquoi m’avez-vous nommé ?” À la fin de notre échange, il ne m’avait pas donné de réponse, mais la question avait disparu.
Lors de son élévation au cardinalat, les 7 et 8 décembre 2024, Mgr Vesco a vu pour la dernière fois le pape François. Il se souvient d’un moment privilégié partagé lors d’une audience privée, le 21 novembre 2024 : « J’étais venu lui dire : “Très Saint-Père, qu’est-ce que vous attendez de moi ? Pourquoi m’avez-vous nommé ?” À la fin de notre échange, il ne m’avait pas donné de réponse, mais la question avait disparu. » Mgr Vesco décrit le pape François comme un homme « extraordinairement présent et attentif ».
Sur les 135 cardinaux électeurs, 108 n’ont jamais participé à un conclave. « Pour l’instant, on arrive chez les uns et les autres sur la pointe des pieds, en disant : ‘Pardonnez-moi, c’est la première fois’, puis on s’aperçoit que c’est la première fois pour pratiquement tout le monde », observe Mgr Vesco. Les cardinaux continuent d’affluer du monde entier pour assister aux obsèques, puis préparer le conclave. Un temps d’échange, de rencontres et de découvertes s’ouvre pour les semaines à venir.
Pour l’instant, on arrive chez les uns et les autres sur la pointe des pieds, en disant : ‘Pardonnez-moi, c’est la première fois’, puis on s’aperçoit que c’est la première fois pour pratiquement tout le monde
Le renouvellement du collège cardinalice s’accompagne d’une diversité inédite. « C’est encore eurocentré, il y a très peu d’Africains au regard du nombre de croyants et de la vitalité de l’Église sur ce continent », note le cardinal. Il s’interroge sur la manière dont cette nouvelle sociologie du catholicisme va s’exprimer : « Le conclave sera moins romain. C’est vraiment le monde entier qui est là. »
Mardi matin, Mgr Vesco a quitté très tôt son diocèse pour un mois, afin de participer aux funérailles du pape François, puis à la préparation du conclave. « On a rendez-vous à 9h tous les matins. Le pape est mort, il faut assurer la continuité du siège apostolique : c’est le rôle du collège des cardinaux », explique-t-il. Les premières congrégations ont permis de régler des questions pratiques liées aux obsèques. Dès le lendemain, les cardinaux commenceront à définir le programme du conclave.
Le pape François a cassé beaucoup de codes dès son arrivée. C’est un homme seul qui s’est lancé dans des réformes qui ont fait évoluer le rapport de l’Église au monde. J’espère que nous poursuivrons dans ce souffle
Mgr Vesco estime que le pontificat du pape François, souvent qualifié de risqué, a été une réussite, comme en témoignent la piété et les hommages observés depuis son décès.
« Le pape François a cassé beaucoup de codes dès son arrivée. C’est un homme seul qui s’est lancé dans des réformes qui ont fait évoluer le rapport de l’Église au monde. J’espère que nous poursuivrons dans ce souffle », confie-t-il. Conscient de la charge écrasante que représente la fonction de pape, Mgr Vesco souligne que le collège choisira « un homme pasteur, capable de porter cette mission ».
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