En Terre Sainte, les évêques de France rompent leur silence sur Gaza

Depuis samedi 16, la direction des évêques de France est en Terre Sainte. Dans un contexte qualifié de « tragédie humanitaire » à Gaza et d’« interminable attente » de la libération des otages israéliens, les évêques affirment vouloir témoigner leur soutien « aux communautés chrétiennes et à tous les amis de la paix, quelles que soient leurs convictions ou leurs religions, dans une période extrêmement douloureuse et incertaine ». 

Le respect de la vie des Gazaouis

Cette démarche tranche avec la relative discrétion de l’Église de France sur le conflit. En juillet, des militants pro-palestiniens, se revendiquant chrétiens, avaient perturbé une messe à l’église de la Madeleine, à Paris, pour dénoncer ce silence. Sans se reconnaître sur la forme, le collectif P.A.I.X par la voix de son fondateur comprends l’action de ces militants. Olivier Perret, estime que « le respect de la vie » défendu par les évêques sur d’autres sujets devrait s’exprimer « beaucoup plus quand il s’agit de la mort de dizaines de milliers de Gazaouis ». 

Les papes en première ligne, la France à la traine… 

En mai dernier, les responsables des cultes chrétiens en France avaient appelé à la paix « en Israël, à Gaza et en Cisjordanie » et plaidé pour « le respect du droit international, notamment humanitaire ». Des mots jugés faibles face aux déclarations du pape François ou de Léon XIV, ce dernier dénonçant « un usage aveugle de la force » après une frappe israélienne meurtrière contre l’église catholique de la Sainte-Famille. 

Quelques voix isolées se sont élevées, comme celle de Mgr Gérard Le Stang, évêque d’Amiens : « On ne peut pas se taire, c’est un scandale, un crime… Ni les chrétiens ni personne ne peut tolérer ce qui se passe là. » 

Fracture entre le clergé et les classes populaires 

Pour l’historien et essayiste Édouard Husson - co auteur d’une tribune dans La Croix pour dénoncer le silence des chrétiens sur le sujet - , cette retenue s’explique aussi par un éloignement des préoccupations des classes populaires, « très émues par ce qui se passe à Gaza ». Selon lui, « la hiérarchie épiscopale reste souvent dans ses centres-villes » et peine à porter un message audible dans les milieux populaires. 

Ce pèlerinage de la direction épiscopale pourrait marquer un tournant dans la parole de l’Église de France face aux massacres en cours à Gaza.