En politique, "le chrétien sera toujours dans un inconfort moral" estime l’abbé Grosjean

Un article rédigé par Simon Marty - RCF, le 8 juin 2022 - Modifié le 10 juin 2022
L'Invité de la MatinalePourquoi les chrétiens doivent-ils s'engager dans la société ?

Fin de la dernière semaine avant les élections législatives. L’occasion pour l’abbé Pierre-Hervé Grosjean de lancer un appel aux catholiques de France. Un appel à se mobiliser, à s’engager dans la vie politique. 
 

L'abbé Pierre-Hervé Grosjean - Guillaume POLI CIRICL'abbé Pierre-Hervé Grosjean - Guillaume POLI CIRIC

La France, pays de mission

 

Dans son ouvrage, "Catholiques, engageons-nous" (éd. Artège), réédité cette année, l’abbé Pierre-Hervé Grosjean a tout d’abord voulu pointer du doigt l’ignorance religieuse qui règne, selon lui, dans la société française, y compris dans la classe politique. "Il avait pour but de poser la question de la pertinence. Faut-il continuer à s’engager comme chrétien dans la société, au service du bien commun, dans une société sécularisée ? […] Ce vieux pays chrétien qu’est la France devient un vrai pays de mission, puisque deux tiers des adultes qui vont faire la France ne sont pas baptisés, et n’ont pas pour la plupart de culture chrétienne" explique-t-il sur RCF.

 

Dans ce nouveau contexte, une révolution depuis 1.500 ans ajoute-t-il, l’abbé Grosjean trouvait intéressant de se reposer la question de l’engagement en tant que chrétien. Un engagement qui peut prendre, entres autres, une forme politique. "Est-ce-que ça vaut encore la peine ? Quels sont les risques, les tentations ? Quelle est également la fécondité d’un tel engagement dans une société comme la nôtre ?" s’interroge-t-il dans La Matinale RCF. Le constat est donc posé : les chrétiens qui s’engagent le font dans une société qui a changé, et qui les reconnaît de moins en moins en tant que tel.

 

"Notre fidélité à contre-courant peut porter du fruit"

 

Un engagement et une place dans la vie publique qu’il n’est pas forcément simple de tenir en tant que catholique. "Nous sommes sur une ligne de crête entre deux tentations, qui sont souvent celles de toute minorité. La première est une tentation de découragement qui va se transformer en dilution, en étant à contre-courant en permanence. On peut être tenté de renoncer à nos convictions. La seconde est aussi une forme de découragement paradoxalement, c’est le repli sur soi. C’est la mentalité de la citadelle assiégée. On se replie sur les hauteurs et on regarde ce monde se déconstruire" lance l’abbé Grosjean.

 

Pourtant, rappelle-t-il, le Seigneur nous donne la feuille de route dans l’Evangile. "Le soir du Jeudi saint, quand il prie pour ses apôtres et ceux qui viendront à leur suite, il dit : "Père je ne te demande pas de les retirer du monde, ils ne sont pas du monde mais ils sont dans le monde parce que je les ai envoyés. C’est cela qu’il faut tenir. Depuis 2.000 ans, il y a cette tension entre le "ils ne sont pas du monde" et "ils sont dans le monde". Notre fidélité à contre-courant peut porter du fruit. Benoît XVI disait que l’avenir appartient aux minorités créatives" conclut-il.
 

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