En Isère, l’application “Chasse Info” informe le grand public des zones de battues, en temps réel

Le projet n’est pas nouveau, l’application Land Share était déjà utilisée les années précédentes, y compris en Savoie. Mais désormais, cette dernière ne fonctionne plus en Isère. Chasse info se veut être plus efficace, plus performante, que son ancêtre. 

Les chasseurs peuvent dessiner avec une grande précision leur zone de chasse sur GéoChasse, et cliquer sur un bouton pour l’activer, en temps réel. Une fois activé, le tracé apparaît sur l’application Chasse Info où les randonneurs reçoivent une alerte, mais également sur Isère Outdoor, l’application du département qui indique des parcours de randonnée. Le transfert se fait dans l’immédiat. Et si les chasseurs oublient de mettre fin à leur battue sur l’application, ils reçoivent une notification au bout de deux heures. 

Des calendriers de chasse trop peu précis

Tout est fait pour que soient signalées les battues dans un temps et une zone réelle. “Les calendriers de chasse ne sont pas vraiment efficaces, car ce sont des longues périodes, où on ne chasse pas tous les jours. Et puis surtout, le matin même, on cherche les sangliers, on délimite la zone de chasse, parfois on ne va pas du tout chasser. Mais d’un jour sur l’autre, ce n’est pas vraiment la même chose”, explique Yann Pelletier, technicien pour la fédération. 

“On a compris que si la chasse voulait perdurer, il fallait qu’on s’adapte”

La Fédération des chasseurs de l’Isère est la seule, en France, à avoir travaillé sur un tel projet. À l’origine, une envie politique, rare parmi les fédérations, l’idée de Danielle Chenavier, présidente départementale de la fédération, de faciliter la cohabitation : “Depuis longtemps, en Isère, on a compris que si la chasse voulait perdurer, il fallait qu’elle s’adapte. C’est vrai qu’on a des armes, il faut expliquer notre pratique, car on peut créer un sentiment d’insécurité. Et cette appli, elle y contribue parce qu’il n’y a rien de pire que de se trouver face à une équipe de chasse qui est en pleine action, et on ne comprend pas ce qu’il se passe, ils sont tous alignés en orange avec des armes. Donc il faut qu’on puisse avertir au préalable les gens qui se promènent de façon à ce qu’il n’y ait pas l’effet de surprise.”

“Si on avait une carte avec un point pour chaque randonneur, il y aurait des petits points partout”

Pour les randonneurs et les cyclistes, cette application était attendue. Plus simple d’utilisation, elle est une garantie de plus à leur sécurité. “Autour de 2018, il y a eu des accidents de chasse impliquant des cyclistes. Donc les élus de Montain Bikers Fondation se sont demandés comment faire pour essayer de cohabiter au mieux et ont travaillé collectivement avec le monde de la chasse. Dans les premières applications, on était partie prenante”. Désormais, seule la fédération de chasse finance et développe Chasse Infos.  

Quant à la question de savoir si c’est davantage aux chasseurs ou aux autres usagers de s’adapter, Jérémy, qui travaille au comité de la randonnée pédestre, concède : “ça peut paraître bizarre que la responsabilité soit portée sur les randonneurs, mais c’est plus facile dans ce sens-là. La plupart des randonneurs sont individuels et pas en fédérations. C’est plus difficile pour les chasseurs d’identifier des zones où il n’y a pas de randonneurs. Si on avait une carte avec un point pour chaque randonneur, il y aurait des petits points partout.”

Pour le moment, Chasse Info n’est disponible qu’en Isère, où la plupart des comités de chasse se sont engagés à l’utiliser. Mais le département peine à convaincre d’autres fédérations. En Ardèche, certains villages expérimentent Illiwap. Les chasseurs doivent signaler leur zone de chasse à un agent municipal par sms, et le message est ensuite affiché à tous les habitants du coin par l’application, semblable à un tableau d’affichage.