Pour la quatrième fois depuis le début de la guerre, les Ukrainiens fêtent Pâques en temps de guerre. Cette année, catholique et orthodoxe célèbrent la Semaine sainte en même temps. Un facteur d’unité ukrainien confronté au redoublement de l'agressivité russe.
En Ukraine, les cloches cessent de sonner pour Pâques. Malgré les tentatives de cessez-le-feu, les Russes ont redoublé l’intensité de leur bombardements. Les frappes ont atteint leur paroxysme avec une attaque violente à Soumy durant le dimanche des Rameaux.
Le bilan est très lourd avec 35 morts et une centaine de blessés. Les Ukrainiens ont entamé la Semaine sainte dans la sidération et cette frappe a alimenté l'indignation mondiale. “Ce n'était pas une attaque comme les autres. Ce n'était pas juste un événement militaire, c'est comme si quelque chose de sacré était piétiné”, souligne le père Liubomyr, vicaire de la paroisse Gréco-catholique ukrainienne de Saint-Athanase-le-Grand à Lyon. La Russie défend d'avoir visé “un rassemblement militaire”, mais la député au Parlement ukrainien. Lésia Vasylenko, rappelle que “les attaques sur les civils, y compris durant les fêtes religieuses, sont monnaie courante depuis le début du conflit”.
Trois ans après le début de l’invasion russe. La préparation des célébrations de Pâques se fait dans “une ambiance particulière”, explique le père Andreï Morkvas, chef de la Commission pour la liturgie de l'éparchie Saint-Volodymyr Le Grand à Paris. "Nous avons toujours une pensée pour nos défenseurs, nos soldats, nos proches qui sont en Ukraine, et des civils qui ont donné leur vie pour la dignité, l'indépendance de notre patrie” décrit le père Andreï Morkvas. La fête de la Résurrection se vit de deux manières. “Il y a des proches qui viennent, qui pleurent, des mères qui ont perdu, leur fils, leur frère. C'est une fête avec de la joie, mais aussi avec, malheureusement, des larmes” conclut le prêtre.
Dans les préparatifs, tout résonne avec les événements du conflit. “Dans cette situation de guerre, les Ukrainiens peuvent plus que tout autre s’identifier au Christ” confie le père Liubomyir. En suivant les pas de Jésus, le prêtre puise dans sa foi pour interpréter la guerre. “On comprend mieux la Passion du Christ, ce qu'il a traversé, la douleur, la trahison, la souffrance, le sang. Aujourd'hui, ce n'est plus une simple histoire racontée dans l'Évangile. On la vit vraiment”.
Sous la menace constante des attaques, “la guerre oblige aussi chacun des fidèles ukrainiens à revoir son rapport à la mort” ajoute le vicaire de la paroisse Gréco-catholique de Saint-Athanase. “Souvent, on voit la mort comme quelque chose d'opposé à la vie, comme une fin. En réalité, la vraie vie, la vie du Christ, inclut aussi la mort non comme une fin absurde, mais comme une transformation”.
Alors que le conflit fait rage, la célébration de la Résurrection du Christ résonne comme un symbole d’union. “L'unité est là, surtout quand on se bat contre l'agresseur qui tire sur toutes les confessions, juste parce que ce sont des Ukrainiens. Il y a des frappes sur les églises, sur les synagogues et sur les mosquées” explique la députée du Parlement ukrainien, Lésia Vlasinsko.
Malgré les menaces, la Semaine sainte est un moment d’espérance pour les Ukrainiens. “Pâques donne de la force à la population” constate le père Morkvas, Une grande part des prières se consacre à l’aspiration à la victoire. “Les Ukrainiens prient pour leurs proches, pour leurs soldats, pour la fin de la guerre, mais surtout pour la victoire” rappelle le père Liubomyr. Dans l’esprit de la députée, la victoire est obligatoire. “Toute autre option n’est pas acceptable pour une paix durable” souligne la députée Lésia Vasylensko. Tandis que les discussions de paix patinent entre Russes et Américains, le risque de concessions territoriales imposées à l’Ukraine menace l’intégrité du pays. La Semaine sainte est l’occasion pour les Ukrainiens d’afficher leur unité avec ce conflit qui s’éternise.
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