Ce soir, mercredi 20 avril, se tient le débat d’entre-deux-tours de l’élection présidentielle. Match retour pour les deux candidats déjà face à face en 2017. Le débat a-t-il vraiment une influence chez les électeurs ? Le résultat est-il joué d’avance ? Entretien avec Arnaud Mercier, professeur en information-communication à l’Institut français de presse de l’université Panthéon-Assas.
« Mais vous avez tout à fait raison Monsieur le Premier ministre ». « Ce que vous nous proposez, c’est de la poudre de perlimpinpin ! ».
Si nous retenons toujours certaines de ces phrases emblématiques du débat d’entre deux tours de l’élection présidentielle, il est souvent plus rare de se souvenir du fonds de ces fameuses joutes oratoires. Alors que se tiendra ce soir, mercredi 20 avril, le débat entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron, nous pouvons nous interroger sur le poids de cette étape de l’élection dans le choix des électeurs. Peut-elle vraiment changer le cours des choses ?
« Dans l’histoire de la Ve République, il n’est pas certain que les débats aient été si décisifs. Souvent, ils confortaient juste les gens dans leurs opinions. » Nous explique Arnaud Mercier, professeur en communication à l’Institut Français de Presse de l’université Paris Panthéon Assas. « Cependant, si on regarde la dernière campagne, celle de 2016-2017, on constate que certains débats des primaires ont permis à François Fillon de sortir du lot ou à Jean Luc Mélenchon de se démarquer et que le débat de l’entre deux tours a fait perdre 4 points à Marine le Pen dans les sondages. »
Aujourd’hui, nous faisons donc face à un changement des habitudes et des repères politiques comme le démontre l’effondrement des partis traditionnels. Les débats semblent donc prendre d’avantage de poids chez les électeurs. « Il semble que de plus en plus de gens prennent le débat comme un élément de motivation du vote. Je pense que ce débat n’est pas sans enjeux, surtout si l’un des deux candidats devait se tromper de positionnement stratégique comme Marine Le Pen en 2017 » poursuit Arnaud Mercier.
Si le débat met face à face les mêmes adversaires cette année qu’il y a 5 ans, le résultat ne sera cependant pas aussi certain. En effet, la balance s’est équilibrée entre les deux candidats nous explique le professeur de communication. « En 2017, Emmanuel Macron incarnait une sorte de nouveauté, un changement. Maintenant au contraire, la position d’Emmanuel Macron va être plus défensive car il va devoir défendre son bilan. Depuis la crise des Gilets jaunes, un certain nombre de Français disent le détester, il est donc lui-même l’objet d’un vote de rejet. »
« Au contraire, Marine Le Pen se trouve cette fois-ci dans une position plus favorable. Elle a réussie son processus de dédiabolisation et, contrairement à l’élection précédente, elle garde un espoir d’être élue. Elle ne va donc pas adopter la même stratégie, mais essayer de se montrer apaisée, sérieuse et crédible. »
Si un débat reste toujours une joute oratoire, le fonds de l’échange pourrait tout de même avoir une grande importance. « Il y a quand même deux projets, et typiquement, l’enjeu du débat ce serait d’essayer de sortir d’un piège qui nous montre l’affrontement de deux votes de rejets pour faire en sorte qu’il y ait au moins un vote de projet » nous explique Arnaud Mercier. « Les deux candidats doivent prendre très au sérieux ce débat. Marine Le Pen veut cette fois compenser cette image très négative de 2017 en montrant qu’elle connait son programme, tout en attaquant le bilan d’Emmanuel Macron. »
« Si le débat est bien orchestré par les deux candidats, on peut dire sans se tromper qu’il ne fera se déplacer aucune ligne. En revanche, si comme en 2017, l’un des deux devait déraper, perdre pied, donner le sentiment de ne pas posséder pleinement ses nerf et son programme, alors cela pourrait avoir un rôle pour convaincre un certain nombre d’indécis ou d’abstentionniste. »
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