Depuis la publication des résultats des élections législatives, sa parole était très attendue. Le président de la République publie une "Lettre aux Français", qui parait dans la presse quotidienne régionale, "pour tirer les conclusions de la dissolution".
Alors que la nomination d'un nouveau premier ministre tourne au casse-tête, Emmanuel Macron a pris la plume, dans un texte publié dans la presse régionale. Dans ce document, le président de la République dit "tirer les conclusions de la dissolution" qu'il avait provoquée.
Dans ce document, il estime que "personne ne l'a emporté" dimanche dernier. "Seules les forces républicaines représentent une majorité absolue", ajoute-t-il, sans toutefois préciser explicitement à quels partis il fait référence. Il appelle maintenant les responsables politique de tous les horizons à "un dialogue sincère et loyal pour bâtir une majorité solide, nécessairement plurielle, pour le pays".
Ce qui nécessitera du temps, "pour bâtir ces compromis avec sérénité". D'ici à la nomination d'un nouveau Premier Ministre, "le Gouvernement actuel continuera d’exercer ses responsabilités puis sera en charge des affaires courantes comme le veut la tradition républicaine". Une lettre publiée alors qu'Emmanuel Macron s'est envolé mercredi 10 juillet matin pour Washington, afin d'assister à un sommet de l'OTAN. Nombreux étaient ceux qui, dans son camp, s'inquiétaient de voir le chef de l'Etat à plus de 6000 kms de Paris, en plein flou politique.
Dans la foulée de la parution de cette lettre, les forces politiques n'ont pas tardé à réagir. Les membres du Nouveau Front populaire fustigent l'initiative du président de la République. "Dans sa lettre, Emmanuel Macron persiste dans le déni et refuse d'accepter sa défaite", réagit sur le réseau social X l'eurodéputée LFI Manon Aubry. "Emmanuel Macron a décidé seul de cette dissolution. Qu’il tire maintenant les conséquences de son résultat", estime pour sa part Marine Tondelier.
Emmanuel Macron refuse de reconnaître les résultats des #ElectionsLegislatives2024.
— Marine Tondelier (@marinetondelier) 10 juillet 2024
Son déni abîme le pays et la démocratie.
Ça fait 7 ans qu’on nous sert le "en même temps" à toutes les sauces. Mais on ne peut pas perdre et gagner en même temps. Il faut accepter le verdict… pic.twitter.com/qlk1GpxjS0
Du côté du Rassemblement national aussi, le texte d'Emmanuel Marcron est sévèrement jugé : "Irresponsable !" condamne Jordan Bardalla. "Emmanuel Macron organise la paralysie du pays en positionnant l'extrême gauche aux portes du pouvoir" dit le président du RN.
"Je pense que le moment que nous traversons exige que nous dépassions les postures partisanes et que nous cherchions à construire des passerelles", dit le député Renaissance Pieyre-Alexandre Anglade. Le député Karl Olive, ex-LR, rappelle que ses "lignes rouges avec le Nouveau Front populaire (sont) des lignes Maginot".
Chères Françaises, chers Français,
Les 30 juin et 7 juillet derniers, vous vous êtes rendus aux urnes en nombre pour choisir vos députés. Je salue cette mobilisation, signe de la vitalité de notre République dont nous pouvons, me semble-t-il, tirer quelques conclusions.
D’abord, il existe dans le pays un besoin d’expression démocratique. Ensuite, si l’extrême-droite est arrivée en tête au premier tour avec près de 11 millions de voix, vous avez clairement refusé qu’elle accède au Gouvernement. Enfin, personne ne l’a emporté. Aucune force politique n’obtient seule une majorité suffisante et les blocs ou coalitions qui ressortent de ces élections sont tous minoritaires. Divisées au premier tour, unies par les désistements réciproques au second, élues grâce aux voix des électeurs de leurs anciens adversaires, seules les forces républicaines représentent une majorité absolue. La nature de ces élections, marquées par une demande claire de changement et de partage du pouvoir, les oblige à bâtir un large rassemblement.
Président de la République, je suis à la fois protecteur de l’intérêt supérieur de la Nation et garant des institutions et du respect de votre choix.
C’est à ce titre que je demande à l’ensemble des forces politiques se reconnaissant dans les institutions républicaines, l’Etat de droit, le parlementarisme, une orientation européenne et la défense de l’indépendance française, d’engager un dialogue sincère et loyal pour bâtir une majorité solide, nécessairement plurielle, pour le pays. Les idées et les programmes avant les postes et les personnalités : ce rassemblement devra se construire autour de quelques grands principes pour le pays, de valeurs républicaines claires et partagées, d’un projet pragmatique et lisible et prendre en compte les préoccupations que vous avez exprimées au moment des élections. Elle devra garantir la plus grande stabilité institutionnelle possible. Elle rassemblera des femmes et des hommes qui, dans la tradition de la Vème République, placent leur pays au-dessus de leur parti, la Nation au-dessus de leur ambition. Ce que les Français ont choisi par les urnes – le front républicain, les forces politiques doivent le concrétiser par leurs actes.
C’est à la lumière de ces principes que je déciderai de la nomination du Premier ministre. Cela suppose de laisser un peu de temps aux forces politiques pour bâtir ces compromis avec sérénité et respect de chacun. D’ici là, le Gouvernement actuel continuera d’exercer ses responsabilités puis sera en charge des affaires courantes comme le veut la tradition républicaine.
Plaçons notre espérance dans la capacité de nos responsables politiques à faire preuve de sens de la concorde et de l’apaisement dans votre intérêt et dans celui du pays. Notre pays doit pouvoir faire vivre, comme le font tant de nos voisins européens, cet esprit de dépassement que j’ai toujours appelé de mes vœux.
Votre vote impose à tous d’être à la hauteur du moment. De travailler ensemble.
Dimanche dernier, vous avez appelé à l’invention d’une nouvelle culture politique française. Pour vous, j’y veillerai. En votre nom, j’en serai le garant.
En confiance.
Emmanuel MACRON
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