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Elisabeth Walbaum | 120 ans après la loi de 1905, où en est-on ?

Elisabeth Walbaum | 120 ans après la loi de 1905, où en est-on ?

RCF, le 9 décembre 2025 - Modifié le 9 décembre 2025
Point de vueElisabeth Walbaum | 120 ans après la loi de 1905, où en est-on ?

Aujourd’hui, la France célèbre les 120 ans de la loi de 1905, un texte fondateur qui sépare les Églises et l’État. A cette occasion, la Fédération Entraide Protestante va recevoir le premier prix Vigie de la Laïcité 2025 pour une enquête inédite menée sur la diversité religieuse.

Elisabeth Walbaum © DRElisabeth Walbaum © DR

La loi de 1905 sépare les Eglises et l’Etat, mais organise aussi leur coexistence dans un espace public laïc. C’est une loi ancienne, mais la laïcité reste un terrain de débats, parfois d’incompréhensions, souvent d’instrumentalisation : crèches dans les mairies, port du foulard, déclarations politiques.

Qu'est-ce que la laïcité pour nous ?

Je donne régulièrement des formations à la laïcité dans le réseau de la Fédération de l’Entraide Protestante. En introduction, je demande à chacun ce que représente la laïcité pour lui. L’autre jour, Shalah, bénévole du Diafrat, une association d’entraide parisienne, réfugiée iranienne en France, nous a rappelé, en larmes, « Vous savez, c’est un trésor la laïcité, un trésor que l’on peut perdre ! ». La laïcité n’est pas une valeur ou un idéal. La laïcité est un principe constitutionnel qui permet à chacun de croire, de ne pas croire, et même de changer de religion. On oublie peut-être finalement ce qu’est vraiment la laïcité. On méconnait souvent que loin des polémiques, certains acteurs travaillent patiemment, au quotidien, sereinement, à la faire vivre concrètement. Aujourd’hui même, la FEP va recevoir le premier prix Vigie de la Laïcité 2025 pour une enquête inédite menée sur la diversité religieuse et, en particulier, l’accueil des personnes de confession musulmane parmi ses membres.

Les résultats de l'enquête

Un travail scientifique, mené avec le sociologue Vincent Goulet, plus de 50 entretiens dans une quinzaine d’associations, partout en France et auprès de tous les publics : enfants, personnes handicapées, exilées, précaires, âgées, malades, mais aussi salariés, bénévoles, aumôniers et membres de gouvernance. La genèse de cette étude est simple : la sécularisation progresse, les identités religieuses se transforment, et dans de nombreuses structures, la majorité des personnes accompagnées - et une part croissante des salariés - se réclament de traditions différentes du protestantisme,
notamment de l’islam. Face à cette réalité, il fallait analyser, comprendre, plutôt que supposer. Repérer les zones de tension potentielles, les non-dits, les besoins de reconnaissance. Les conclusions de cette enquête sont éclairantes. D’abord, l’islam est le principal courant non chrétien présent dans nos associations, un islam pluriel : culturel, spirituel, parfois revendicatif. Mais surtout, les personnes musulmanes rencontrées ne remettent pas en cause le cadre républicain ni l’identité protestante des institutions. Les revendications fortes sont rares, alors que la demande de dialogue est immense. Des malaises peuvent surgir lorsqu’il manque un langage commun ou que les responsables ne se sentent pas outillés.

La laïcité est un pont

Cette démarche a séduit la Vigie de la Laïcité parce qu’elle montre que la laïcité n’est pas une arme de séparation, mais un cadre de relation. À la FEP, on se dit « laïcs et protestants » : la foi inspire une éthique - dignité, lutte contre les discriminations, attention aux plus vulnérables - et la laïcité permet de vivre cette foi sans prosélytisme abusif. À 120 ans, la loi de 1905 continue de vivre là où elle est la plus utile : dans les mains de celles et ceux qui accueillent, accompagnent et reconnaissent chaque personne dans toute sa
complexité. Une manière de rappeler que la laïcité, lorsqu’elle est bien comprise, n’est pas un mur : c’est un pont.

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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