Édito - Le roi d’en-bas, par Véronique Margron
Ce dimanche, dimanche des Rameaux, les chrétiens célèbrent l'entrée triomphale de Jésus à Jérusalem, avant d'entrer dans la Semaine sainte. Mais celui qui est acclamé par les foules, juché sur un ânon, est "le roi d'en-bas"...
"Tu diras : le Seigneur en a besoin" : Jésus doit entrer à Jérusalem sur un ânon qui n’a jamais été monté, comme il convient à un roi qui va être oint ; tel Salomon conduit à la source de Gihôn (1R 1, 33) et acclamé par le peuple. Oui, le roi pénètre dans la ville où sa marche parvient à son terme.
Un roi nu car justement, ni roi, prince ou chef à nos façons. De quoi peut-être nous questionner en ce dimanche du premier tour des élections présidentielles, si essentielles à notre démocratie. Jésus n’est pas des puissants de son temps, puisqu’ils le mettront à mort, et pourtant jamais il ne méprise les engagements pour la cité dans le relatif de nos histoires.
Qui est le Seigneur que nous acclamons ? Nous sommes là. À l’heure de tant de tragédies en ce monde, des atrocités insoutenables en Ukraine, où de jeunes hommes – menant quelques temps avant une existence banale – se sont transformés en monstres avec la guerre toujours aveugle. Nous sommes là sans comprendre. Impuissants et perdus.
Qui est notre Dieu ? Peut-il venir à notre secours ? Dans cette nouvelle nuit du monde, notre Dieu se tait, il est un Dieu de l’effacement. De la non-puissance.
Seule cette Grande Semaine peut nous y conduire. Témoins. Nous sommes là auprès de Simon de Cyrène, disciple de l’avant dernière heure.
Là encore dans les paroles de ce condamné “ souviens-toi de moi Jésus ”, ami dans l’heure suprême, celle qui récapitule toutes les autres. Lui, il sera avec Jésus, et nous précédera tous dans le Royaume.
Nous sommes là aussi dans cette émotion du centurion converti par la seule contemplation de la croix de Jésus. Croix qui ouvre le cœur, dessille les paupières. Non par fascination du sang mais par le chamboulement devant l’achèvement d’un amour fidèle et immense dans sa discrétion. Les foules, dans la montée vers le Golgotha, Simon, un pauvre bougre sur une croix, un occupant romain, quelques femmes. Ceux-ci, qui n’ont rien à défendre pour leur compte, savent qui est Jésus.
En face, des grands prêtres, des chefs et ces soldats qui hurlent "sauve-toi toi-même". Comme le diable au désert des tentations. Pierre aussi ; Pierre qui depuis les commencements n’accepte pas la passion de son maître. Lui qui, lors de la première annonce de la Passion, reçu de Jésus ce titre "derrière Satan !". Il faudra que Jésus fasse le chemin en se retournant vers lui, pour qu’il comprenne, ne soit pas accablé et se relève. Notre Dieu se retourne vers nous afin que nous ne désespérions pas.
Le Seigneur qui entre à Jérusalem est roi d’en-bas. Sa force est dans le dessaisissement de sa vie. Jésus n’impose pas le bien, il ne détruit pas le mal. Le Seigneur de l’histoire fait naître l’avenir par son souffle offert sur la Croix : puissante douceur contre toute violence. Tel est le Salut.
En cette semaine décisive, suivons cet unique Seigneur, celui qui est venu visiter tous les cœurs pour les ressusciter. "Si tu veux… ", unique force de ceux qui aiment sans rien capter pour eux.
Véronique Margron, op
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