Édito de Blanche Streb - Témoins d'espérance

Fred Baraille, SDF, raconte dans son petit livre “L’envie d’être en vie” (éd Eolis) sa résurrection grâce à une main sur l’épaule, au bon moment, et grâce à sa rencontre avec Loïc et Lazare. Lazare, ce sont des colocations solidaires entre jeunes actifs et personnes de la rue. Un lent retour à la vie qui l’a conduit aux plus belles aventures et rencontres, dont une avec le pape. 

Aussitôt découvert l’histoire d’Emmanuel Leclercq dans son livre “La vie est un combat, accepte-le !” (éd. Alisio). Un bébé né dans un bidonville d’Inde. Jeté dans une poubelle. Une femme passe, reconnait entre tous le tout petit cri qui émane des détritus. Arrache ce bébé à la mort, le confie aux missionnaires de la charité. Plus tard, il sera adopté en France. Ce bébé, c’est lui. Cette femme, c’est Mère Teresa. Aujourd’hui, Emmanuel Leclercq est professeur de philosophie et d’éthique de l’intelligence artificielle. Il est auteur, créateur de “la minute philo” sur YouTube. Il a fondé “Devenir pour agir”, un cercle de pensée anthropologique pour les jeunes. On sent qu’il a fait sienne cette prière de Catherine de Sienne : “Si tu deviens ce que tu es, alors tu mettras le feu au monde”. Devenir qui l’on est pour mieux agir demain, c’est ce qu’il s’efforce de transmettre autour de lui et en particulier à ses élèves. Il leur écrit “Le monde a besoin de vous. Il vous attend, il vous tend les bras, il vous appelle maintenant”. Sa devise : “courage, confiance, amour, espérance”. Il a à la foi chevillée au cœur et dit de lui qu’il essaye peut-être d’être un moine dans le monde. 

Le dernier antidote à la morosité s’appelle “Merci à un inconnu”. Un compte insta devenu un vrai phénomène et un livre. Un endroit où des centaines de personnes partagent jour après jour des messages ou des photos de remerciements d’inconnus envers d’autres inconnus. Un geste, un regard, un mot, une attention, un soutien : autant de petits riens qui font tout, jusqu’à parfois sauver des vies, notamment celle d’Anne qui a créé ce mouvement. Tout commence un triste matin de ses vingt ans, dans le métro, quand, miraculeusement, un homme reste longuement auprès d’elle, sans rien dire, sans même un regard échangé. Il comprend qu’elle veut mourir. Par cette simple présence à ses côtés, Anne comprend, elle, qu’elle veut vivre. Elle entamera un long chemin de guérison. Vingt ans plus tard, elle participe à rendre hommage à tous ceux qui choisissent de se détourner de leur route pour rendre service, porter secours ou tout simplement encourager. 

Dans une culture de la victimisation à outrance, cultiver la contemplation des myriades de gestes de générosité quotidiens, la gratuité et la gratitude qui se donnent la main, voilà qui fait du bien.