Depuis l’annonce par les États-Unis d’une hausse des droits de douane, les entreprises de Haute-Loire concernées se creusent les méninges. Certaines pourraient être fortement impactées.
La guerre commerciale en cours à l’échelle mondiale impacte aussi les entreprises de Haute-Loire. Néanmoins, le tissu économique altiligérien est surtout tourné vers l’Europe plutôt que vers les États-Unis. Et pourtant, certaines ont des projets de développement et même, pour quelques-unes, d’implantation outre-Atlantique. C’est par exemple le cas de Lab Plastics, basée à Aurec-sur-Loire. Son créneau : les billes de plastique auxquelles la PME donne « de la fonction comme anti-feu, antistatique ou encore antibactérien ». Un marché de « spécialité » selon le patron, David Fayolle.
Leader européen sur ce marché, notamment sur l’antibactérien, Lab Plastics travaille depuis plusieurs mois pour s’implanter sur le marché américain. « L’Amérique est très axée sur l’hygiène donc il y a une opportunité », appuie le patron, invité sur notre antenne. Une volonté de « vivre le rêve américain » après avoir conquis une partie du marché allemand et de l’Afrique du Nord.
Épaulée par différentes structures comme BPI France ou Business France, Lab Plastics a décidé d’installer un V.I.E sur place depuis septembre dernier. Ce volontariat international en entreprise « prospecte le marché » et cherche des opportunités pour l’entreprise et pourquoi pas ouvrir « une succursale sur place à terme ». Ce poste est partagé avec l’entreprise IPS de Bas-en-Basset. En plus, des moyens financiers ont été investis pour concrétiser ce projet. « En mai, nous sommes allés faire le plus gros salon de la plasturgie à Orlando », explique David Fayolle. À leur retour, la décision a été actée.
Sauf que l’augmentation des droits de douane sur les produits en provenance de l’Europe de 20 % donne du plomb dans l’aile au projet. « 20 % sur des produits qui se négocient autour d’une cinquantaine d’euros, ça fait beaucoup », argumente le dirigeant. Surtout que « même si c’est un produit de spécialité, tout le monde peut le faire, y compris la concurrence asiatique et indienne ».
Face à cette situation, David Fayolle doit se réorienter. Pour l’instant, « on ne suspend pas les choses mais on cherche des plans B ». En revanche, le projet de succursale est pour l’instant mis de côté. L’idée serait désormais d’aller vers le Canada ou sinon en Amérique du Sud et notamment au Mexique. « On y pense pour 2026 donc pourquoi pas ». Cette destination dispose d’un inconvénient : il n’y a pas d’accord avec l’Europe donc la réglementation au niveau bancaire reste complexe.
Désormais, David Fayolle attend de voir comment les événements vont évoluer pour changer ou pas de stratégie. Mais il craint aussi les réponses européennes et mondiales à cette augmentation décidée par Donald Trump. La matière première des billes provient des pays pétroliers et des États-Unis. Le risque pour le produit fini est qu’il soit taxé deux fois, une fois à l’entrée, une fois à la sortie.
Malgré tout, David Fayolle estime qu’il s’agit « d’une bonne expérience sauf financière bien sûr ». Cet épisode lui a appris que « la géopolitique en trois clics peut mettre 24 mois de travail par terre ».
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