Le président américain a acté ce mercredi 2 avril la mise en place de taxes douanières réciproques. Des montants de taxes compris entre 10 et 50 % suivant les pays et les entités économiques visées et listées sur un immense tableau brandi devant la presse. L'Union européenne dans son ensemble est sous le coup d'une taxe de 20 % sur ses exportations vers les États-Unis. Explications.
Un protectionnisme américain qui rappelle de très mauvais souvenirs aux économistes. La nouvelle vague de hausses tarifaires, officialisée ce mercredi 2 avril, pourrait se rapprocher des sommets atteints sous la loi Hawley-Smoot, promulguée en 1930 par les Américains. Laquelle avait imposé des droits de douane de 52 % sur plus de 20 000 produits.
La décision avait entraîné une violente récession et avait appelé à des réponses des pays et entités économiques concernées à l’époque. "De toute façon, il y aura en réponse une augmentation des tarifs douaniers. Partout", prévient Emmanuel Buisson-Fenet. Le professeur d’économie en classe préparatoire aux grandes écoles, au lycée du Parc à Lyon, affirme que ces nouvelles taxes "vont entraîner une récession au niveau mondial".
Si vous achetez des marchandises plus chères, irrémédiablement, c'est du pouvoir d'achat perdu. Vous êtes obligé de moins consommer,
il n’y aura pas de miracle là-dessus
Et sur le territoire lyonnais, qui devrait s’inquiéter de ces hausses ? "C'est ce qu’on appelle un marché non-substituable. La chaîne de valeur est normée pour coller au cahier des charges des produits en question : les lieux de production ne peuvent pas changer, il n’y a pas d’échappatoire pour ces filières, craint l’économiste. Elles vont souffrir".
Il pense ici aux activités du luxe, de l’agroalimentaire et des productions agricoles, qui contribuent énormément à notre balance commerciale. "Si on prend l’exemple des vins du Beaujolais, le problème ici, c’est qu’il n’y a pas de marché de substitution."
L'entrée en vigueur de ces taxes se fera en deux temps : le 5 avril pour les droits de douane minimaux de 10 %, et le 9 avril pour les mesures spécifiques visant l'Europe, la Chine et d'autres partenaires commerciaux.
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