Dix ans du 13 novembre 2015 : témoignage d’une mère de victime dans la Vienne
Il y a dix ans, la salle du Bataclan, les alentours du Stade de France et les cafés et terrasses parisiens étaient victimes d’attaques terroristes. Le bilan est de 132 morts et des milliers de blessés physiques et psychiques. Parmi les tués ce soir-là, il y a Chloé Boissinot, originaire de Château-Larcher dans la Vienne. Sa mère témoigne.
Chloé Boissinot est l'une des 130 personnes tuées le soir du 13 novembre lors des attaques terroristes à Paris© Photo transmise par Elisabeth BoissinotIl y a dix ans, Chloé Boissinot vivait à Paris. Elle travaillait dans un magasin où elle créait de nouvelles recettes de sandwich. Ce vendredi 13 novembre 2015, Chloé Boissinot est installée, avec son compagnon, à la terrasse du Carillon, un bar parisien situé à un kilomètre de la salle du Bataclan. Ce soir-là, elle est tuée comme 38 autres personnes dans les bars et cafés parisiens. Cela fait dix ans cette année et la douleur reste la même pour sa mère Elisabeth : “On passe à dix ans, mais quand on passera à vingt ans je pense que pour moi ce sera la même douleur tous les jours”. La vie d’Elisabeth Boissinot et de sa famille a changé de façon durable :
J'ai huit petits-enfants. [...] Comment vous expliquez qu'une grand-mère ne fait que pleurer parce que tata Chloé est partie ? La semaine dernière, j'ai emmené ma petite fille de trois ans et demi sur la tombe de Chloé. Elle regardait le ciel et elle me dit : “Tu dis qu'elle est là-haut, mais je ne la vois pas”.
Une journée symbolique loin de Paris
La mère de Chloé Boissinot vit toujours dans la maison où elle a élevé ses enfants. Les cadres et les souvenirs remplissent le lieu : “Tous les matins en me levant je pense à Chloé, je rêve de Chloé. Tous les jours, une maman qui a perdu son enfant y pense. [...] Je vois qu'ils font plein de cérémonies sur Paris, c'est bien. Mais pour moi, mon quotidien dimanche matin, lundi matin, mardi matin sera le même, Chloé ne sera pas là, Chloé c’est fini”.
Pour cette date symbolique des dix ans, Elisabeth Boissinot ne participera pas à la cérémonie à Paris. Ce jeudi 13 novembre 2025, elle le passe donc avec ses amies. Durant cette soirée, une rencontre est organisée avec “un des vigiles du Bataclan et une voisine du Bataclan”. Son objectif est de pouvoir se rapprocher de sa fille : “Tout ce qui touche aux attentats me rapproche de Chloé. [...] En ce moment on en parle beaucoup, ça me fait pleurer. Mais je me dis “peut-être que je vais voir son corps par terre” ou alors je vais voir quelqu'un qui va dire “mais cette jeune fille était à côté de moi”. Lors de cette rencontre, il y a peu de chances. Les personnes avec qui elle va échanger étaient au Bataclan ou à côté.
Rencontre avec Salah Abdeslam
Ce que la mère de Chloé espère avant tout aujourd’hui, c'est pouvoir échanger avec Salah Abdeslam. C’est le seul survivant du commando qui a attaqué les bars, les terrasses, le Bataclan et les alentours du Stade de France. En 2022, il a été condamné à la perpétuité incompressible lors d’un procès hors normes.
Depuis que sa fille est morte, Elisabeth Boissinot veut absolument rencontrer Salah Abdeslam. "Si je peux avoir un dernier souhait c'est rencontrer ce gars-là”. Mardi 11 novembre, l’avocate de Salah Abdeslam a justement fait savoir que son client voulait échanger avec des parties civiles, dans l’objectif d’une “justice restaurative”. Une chance pour cette mère : “s'il y a une inscription, je vais m'inscrire en première. C'est un besoin de le regarder dans les yeux, et de lui dire “tu vois tu l’as tué alors que ça aurait pu être une copine à toi”.
Pour cause, Salah Abdeslam avait presque le même âge que Chloé Boissinot. Il a actuellement 36 ans, de son côté Chloé Boissinot aurait eu 35 ans le 20 novembre prochain. Selon sa mère, les tentatives de réconciliation de Salah Abdeslam sont fausses. Elle espère pouvoir lui dire en face qu’elle ne lui pardonnera jamais : “Jamais, parce qu'il nous fait vivre un enfer maintenant”.


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