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Dix ans de Housing First à Namur : un autre regard sur le sans-abrisme

Dix ans de Housing First à Namur : un autre regard sur le sans-abrisme

Un article rédigé par Théo Leunens - RCF Namur, le 21 novembre 2025 - Modifié le 21 novembre 2025
L'instant présentEdition du jeudi 20 novembre 2025

À l’occasion des dix ans du projet Housing First à Namur, le Relais Social Urbain Namurois met en lumière une décennie d’accompagnement et de lutte contre l’exclusion. Au Quai 22, une exposition photo et un court-métrage donnent à voir le travail mené auprès des personnes en situation de grande précarité. L’occasion de revenir sur un modèle qui a profondément changé la manière d’aborder le sans-abrisme chronique.

©RSUN©RSUN

Depuis septembre 2007, le Relais Social Urbain Namurois coordonne un large réseau d’institutions publiques et privées engagées dans la lutte contre l’exclusion. Son rôle consiste à créer les conditions d’une collaboration durable entre les services qui assurent l’accueil, l’écoute, l’orientation, l’accompagnement et l’insertion des personnes en grande précarité.
L’implication directe des usagers fait partie de sa philosophie : les personnes concernées participent aux réflexions et aux actions menées, afin de construire des réponses qui leur correspondent réellement.

Cette coordination s’articule autour de plusieurs objectifs : rompre l’isolement, favoriser la participation sociale, améliorer le bien-être, promouvoir la reconnaissance et renforcer l’autonomie. À Namur, ces missions incluent également tout ce qui touche au logement, à l’hébergement, à l’insertion sociale et à la santé, avec une attention particulière portée à la santé mentale.

Un modèle né à New York, adapté à la réalité namuroise

Le projet Housing First, tel qu’il existe aujourd’hui à Namur, s’inspire d’un modèle développé en 1992 à New York par le psychiatre Sam Tsemberis et l’organisation Pathways to Housing. Conçu pour les personnes sans-abri chroniques, cumulant troubles de santé mentale, addictions ou longues périodes d’errance, il rompt avec les approches traditionnelles.
Ici, l’accès au logement est immédiat et inconditionnel. Seules deux obligations subsistent : une visite hebdomadaire de l’équipe d’accompagnement et le respect du paiement du loyer et du voisinage. Le logement, diffus et intégré dans la ville, devient alors la première étape, le socle indispensable pour entamer un processus de stabilisation et de rétablissement.

Le modèle repose sur des principes forts : le logement comme droit fondamental, le respect inconditionnel des personnes, l’engagement dans la durée, la liberté de choix et une approche par la réduction des risques. L’accompagnement et le logement sont volontairement séparés, afin d’éviter toute pression ou condition d’accès.

Un constat alarmant sur le sans-abrisme namurois

Lorsque Namur décide de se lancer dans l’aventure Housing First, en 2015, la situation est préoccupante. Plus de 600 personnes ont été hébergées à l’abri de nuit cette année-là, près de 10 000 nuitées ont été comptabilisées, plus de 500 personnes ont été rencontrées par les Équipes Mobiles de Rue et près de 1 000 ont été accueillies au Relais Santé.
Sur les 4 839 personnes recensées en situation de très grande précarité, 40 % vivaient dans un sans-abrisme sévère.

Ces données révèlent un phénomène en aggravation : des parcours de plus en plus complexes, un refus croissant de l’aide institutionnelle, des dispositifs saturés. C’est dans ce contexte que le Relais Social lance officiellement Housing First Namur le 1er juillet 2015, dans le cadre de l’expérimentation fédérale « Housing First Belgium ».

Dix ans d’un travail patient, discret et durable

Dix ans plus tard, Housing First Namur poursuit sa mission, soutenu par la Région wallonne, des appels à projets ponctuels, des partenariats locaux et un appui constant du CPAS de Namur. Ce travail au long cours s’incarne dans une équipe qui accompagne chaque personne dans la durée, à son rythme, avec la conviction que la stabilité résidentielle est un droit avant d’être une récompense.

Pour marquer cette étape symbolique, le public est invité à découvrir une exposition photo retraçant les rencontres et les parcours suivis au quotidien par les travailleurs. Deux séances de projection d’un court-métrage, réalisé avec les bénéficiaires et l’équipe, étaient prévues. Elles affichent désormais complet, signe de l’intérêt croissant pour ce modèle d’accompagnement.

© Illustration RCF Sud Belgique
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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