Discours de politique générale : "L'aide à mourir" à peine évoquée par Sébastien Lecornu
Le 14 octobre, Sébastien Lecornu a prononcé son discours de politique générale devant une Assemblée Nationale sous tension, le menaçant de censure. Sur le dossier de la "fin de vie", qui devait faire l'objet d'un vote solennel au Sénat courant octobre, il n'a pas fait de déclaration spécifique, soulignant simplement le caractère “sensible” du sujet.
Sébastien Lecornu © DRSuspension de la réforme des retraites jusqu'à la prochaine présidentielle, promesse de renoncer au 49-3, appel au dialogue politique… Dans son discours de politique générale, Sébastien Lecornu n'a pas hésité à tendre des mains vers le compromis pour éviter la censure. Et tenir au moins quelques semaines à Matignon.
Une proposition de loi passée sous silence
Il y a quelques mois, le sujet de la “fin de vie” était au cœur du débat public. Dans son discours, Sébastien Lecornu, l’a brièvement mentionné en affirmant que “des discussions sensibles doivent se poursuivre, notamment sur la fin de vie,” a-t-il simplement affirmé
des discussions sensibles doivent se poursuivre, notamment sur la fin de vie
Tiffany Joncour, députée RN du Rhône, assure que “chaque Français doit pouvoir choisir de se tourner vers le soin palliatif pour accompagner la fin de vie qui peut être vécue dans la souffrance”. “L'euthanasie ne peut pas être la seule solution qui soit offerte”, ajoute-t-elle. 19 députés du Rassemblement National avaient voté pour la proposition de loi sur la fin de vie, et 101 avaient voté contre.
Renoncer à utiliser le 49-3
“Le gouvernement proposera, nous débattrons, vous voterez.” Tel un refrain, cette phrase ponctue le discours de Sébastien Lecornu. Il a effectivement été clair et l’a répété à plusieurs reprises, il s’engage à ne pas faire usage de l’article 49-3 de la Constitution. “Sans 49.3, sans majorité absolue, le Parlement aura le dernier mot”, a-t-il insisté. Tiffany Joncour n’a pas été convaincue par ce discours, qu’elle qualifie de “creux”. Renoncer à l’utilisation du 49-3, c’est pour elle “une des lignes rouges infranchissables pour que la parti socialiste coopère”. “On ne va pas remercier Sébastien Lecornu de reconnaître que c'est au Parlement de voter la loi”, renchérit-elle. Boris Vallaud, président du groupe Socialistes et apparentés à l’Assemblée nationale, à quant à lui déclaré que son groupe ne voterait pas la censure du gouvernement à ce stade, préférant "faire le pari" du débat parlementaire, même s’il reconnaît que ce pari est “risqué”.
Abrogation de la réforme des retraites
L’une des premières mesures annoncées par Sébastien Lecornu est la suspension de la réforme des retraites. “Aucun relèvement de l’âge n’interviendra à partir de maintenant jusqu’à janvier 2028”, a-t-il insisté, ajoutant que la durée d’assurance sera elle aussi suspendue, et restera donc "à 170 trimestres jusqu’à janvier 2028". Pour rappel, les principales mesures de cette réforme incluent le recul de l’âge légal de départ à la retraite (passant de 62 à 64 ans), la suppression progressive des régimes spéciaux et la prise en compte de la pénibilité du travail. “Il n’a pas pensé aux retraités en annonçant cette suspension” estime Tiffany Joncour. “Tout ce qu’il voulait faire, c’est satisfaire le parti socialiste pour éviter que son gouvernement soit censuré”, ajoute-t-elle. Pourtant, d’autres acteurs de la vie politique du pays se sont exprimés à ce sujet, notamment la CFDT, qui a longuement réclamé cette suspension. C'est "une grande victoire pour les travailleurs et les travailleuses", estime Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, lors d’une interview sur France Inter.
La menace de la censure plane déjà
La France Insoumise et le Rassemblement National ont déjà déposé des motions de censure contre le gouvernement de Sébastien Lecornu. Elles seront examinées à l’Assemblée nationale jeudi 16 octobre au matin. LFI critique la suspension annoncée de la réforme des retraites. “C’est une simple ouverture du débat sans réelle suspension ni report”, déplore le député Manuel Bompard.
De son côté, le RN motive sa motion de censure par une critique sévère du gouvernement et de Sébastien Lecornu, qu’il accuse d’échouer et ne répondant pas aux attentes des citoyens. Marine Le Pen et ses alliés ont affirmé vouloir censurer "tout", considérant que "la plaisanterie a assez duré". “C'est pour cela que nous appelons depuis de nombreuses semaines à une dissolution”, insiste Tiffany Joncour.


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