Diocèse de Strasbourg : des "prises de paroles musclées mais fraternelles" lors du conseil presbytéral
Le 14 octobre, la trentaine de délégués représentant l’ensemble des prêtres en Alsace s'est rassemblée autour de l’archevêque de Strasbourg. Une réunion vécue par certains comme un apaisement dans la tempête.
Mgr Pascal Delannoy le 13/10/25 / RCF AlsaceDeux ans après la démission de Mgr Luc Ravel, la barque du diocèse de Strasbourg continue à naviguer dans la tourmente. La réintégration controversée, puis la démission d'un vicaire général, ainsi que des prises de parole inédites de certains prêtres dans la presse ces dernières semaines, ont révélé un climat de désunion au sein du clergé alsacien.
"La parole était très libre"
En réaction, Mgr Pascal Delannoy, l'archevêque actuel a convoqué un conseil presbytéral le 14 octobre dernier. Cet organe consultatif, composé des délégués des presque 400 prêtres d'Alsace, s'est réuni au sanctuaire des Trois-Epis dans le Haut-Rhin. L'ordre du jour, modifié par l'archevêque, visait à produire "un échange en toute vérité". L'abbé François Martz, l'un des deux représentants des prêtres de Colmar, a participé au Conseil et garantit que la sincérité était au rendez-vous :
"L'ambiance, bien sûr, était un peu tendue mais petit à petit, elle s'est allégée et elle est même devenue très fraternelle. Les prises de paroles [étaient] musclées mais fraternelles. Je pense qu'il y a un avant et un après à cette réunion. Au moins parmi les membres du presbyterium. Cette franchise de la parole m'a frappée parce qu'elle est inhabituelle. Je rends grâce à Dieu d'avoir pu participer à cette réunion. "
Des problématiques multiples
Discret sur le contenu des discussions, le prêtre témoigne sans se faire "le porte-parole" de l'assemblée. Il énonce deux points clés abordés durant cette journée : la communication et l'accompagnement des acteurs de la pastorale.
Je pense qu'il y a un avant et un après à cette réunion
"Il a été dit que 'des choses excessives ont pu être exprimées dans certaines lettres. Tout ce qui est excessif est insignifiant'. Un autre point qui est revenu parmi tous les délégués présents, c'est le manque d'accompagnement personnalisé des acteurs de la pastorale, notamment au moment des nominations."
Des solutions à inventer
D'autres sujets épineux telles que les différences idéologiques présentes au sein du clergé ou la gouvernance du diocèse ont été évoquées. Deux prêtres, dont un participant au conseil, avaient en effet présenté "la mutation de la conception de l’Église" par les responsables ecclésiaux successifs depuis 20 ans comme l'origine du problème dans une tribune publiée sur le blog conservateur Tribune chrétienne. Le père Martz n'est pas de cet avis : "Nous avons conscience de devoir accepter une sorte de pluralisme au sein du clergé parce qu'il y a une certaine pluralité au sein du peuple de Dieu".
Nous avons conscience de devoir accepter une sorte de pluralisme au sein du clergé parce qu'il y a une certaine pluralité au sein du peuple de Dieu
"On ne peut pas le renouveler [le conseil épiscopal] totalement parce qu'il faut bien des gens qui connaissent les dossiers. Cela a été dit aussi par Monseigneur", poursuit le prêtre exerçant depuis 38 ans. Ce conseil presbytéral semble donc avoir été le temps de la libération de la parole, pas forcément celui des solutions. "Tout n'a pas été décidé aujourd'hui", confirme le père Martz.
Pour faire suite aux discussions, une réunion de tous les prêtres d'Alsace doit avoir lieu en janvier prochain.

