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Deux points de vue opposés sur la fin de vie

Deux points de vue opposés sur la fin de vie

Un article rédigé par Albane Joly - le 23 mai 2025 - Modifié le 24 mai 2025
Le Débat du jourLe débat du jeudi 22 mai 2025

Du 16 au 27 mai 2025, les députés examinent la proposition de loi relative au « droit à l’aide à mourir ». Un sujet de société très clivant qui fait l’objet du débat du jour avec Alexis Burnod, médecin au service de soins palliatifs de l'Institut Curie et Thomas Misrachi, adhérent de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité et grand reporter au sein du groupe TF1.  

Face à face sur la fin de vie entre Alexis Burnod et Thomas Misrachi © RCFFace à face sur la fin de vie entre Alexis Burnod et Thomas Misrachi © RCF

Le docteur Alexis Burnod explique que légaliser l'euthanasie rompt le pacte anthropologique sur l'interdit de tuer tandis que Thomas Misrachi affirme que légaliser ce droit permet de mourir pour ne pas avoir à faire face à la maladie et à la déchéance. Tous les deux racontent une histoire personnelle pour illustrer leur propos.

Contrôler sa mort après avoir contrôlé sa vie

Thomas Misrachi ouvre le débat et raconte la dernière soirée de son amie Jacqueline Jencquel dans son livre Le dernier soir. Elle avait décidé de mourir à 75 ans car elle était atteinte de petites polypathologies liées à la vieillesse dont un peu de dépression et des mains qui tremblent. « Elle aurait pu affronter ces petites polypathologies mais elle avait décidé de ne pas le faire », relate Thomas. A 19h, Thomas est arrivé chez elle et il est reparti à 23h car son amie s'était donnée la mort chez elle. 

Jacqueline souhaitait avoir le contrôle de sa mort, après avoir eu le contrôle de sa vie.

« Jacqueline souhaitait avoir le contrôle de sa mort, après avoir eu le contrôle de sa vie », assure Thomas Misrachi. Militante, elle se battait pour que la France puisse bénéficier d'un texte de loi qui permette aux personnes affectées par des maladies très graves et incurables de pouvoir décider de leur mort. Thomas explique : « j'ai eu cette volonté depuis l’adolescence de mourir comme elle a fait au même âge ». Ce choix précoce l’a un peu plus tard rapproché de cette femme. 

Fin de vie : possibilité de co-construire un projet de soins adapté

Comme Thomas Misrachi, le docteur Alexis Burnod souhaite mettre en avant une petite histoire pour défendre son point de vue sur la fin de vie. Après 25 ans au sein de l'hôpital, dont 15 ans aux urgences au SAMU puis 15 ans en soins palliatifs, le docteur affirme d'emblée : « A l'hôpital, tous les jours, des hommes, des femmes et des enfants, viennent nous demander de les aider à mieux vivre la maladie qu'ils traversent ». 

Les demandes d'en finir sont souvent liées à la projection d'un futur avec beaucoup d'inconnus.

Le médecin raconte dans Fin de vie et le cas de conscience qu'aux urgences, Sylvie âgée de 68 ans demande à ce qu'on la soigne car elle a 42 de fièvre et une infection urinaire. Le Dr Alexis Burnod comprend qu'elle a rendez-vous trois jours après en Suisse pour un suicide assisté et qu’elle a un cancer en phase avancée. En plein échange, la femme dit au Dr Alexis Burnod : « Vous n'allez pas pouvoir m'aider ». Le médecin lui a alors dressé la liste de tout ce qui était possible de faire pour elle. Finalement, elle a renoncé au suicide assisté et a suivi un chemin avec une équipe médicale pendant trois mois, puis en unité de soins palliatifs. « Les demandes d'en finir sont souvent liées à la projection d'un futur avec des inconnus et les perspectives peuvent changer avec des personnes qui peuvent co-construire avec vous un projet de soins dans lequel vous adhérez », souligne l’urgentiste.  

©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Le Débat du jour
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