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Déserts médicaux : quand se soigner devient un parcours du combattant

Déserts médicaux : quand se soigner devient un parcours du combattant

Un article rédigé par Melchior Gormand - RCF, le 24 septembre 2025 - Modifié le 24 septembre 2025
Je pense donc j'agisDéserts médicaux : comment répondre à la crise de l’accès aux soins

En France, l’accès aux soins se transforme en véritable défi pour des millions de citoyens. Dans de nombreuses communes rurales, mais aussi dans certaines zones périurbaines et quartiers populaires, trouver un médecin généraliste ou un spécialiste disponible relève parfois de l’impossible. On parle alors de "déserts médicaux", un phénomène qui touche aujourd’hui 87 % du territoire français.

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Malgré un système de santé réputé performant, certaines régions françaises voient leurs habitants peiner à consulter un médecin. Entre départs à la retraite non remplacés, manque d’attractivité et répartition inégale des professionnels, accéder aux soins devient un véritable défi pour de nombreuses familles. Comment lutter contre les déserts médicaux ?

Un phénomène inquiétant qui touche tout le territoire

"Progressivement, les patients ne sont plus pris en charge par un médecin traitant. Le rôle du médecin devient à la fois traiter et sauver des vies, mais cela se complique dans les zones sous-dotées", explique Laura Artru, médecin et présidente de l’ACCDM (Association de citoyens contre les déserts médicaux). Étienne Minvielle, médecin de santé publique à Gustave Roussy, complète : "le vrai sujet, ce n’est pas tant la structure, mais l’humain : il faut trouver des médecins". Selon lui, les déserts médicaux résultent d’une combinaison de facteurs : démographie médicale en déclin, organisation des soins peu adaptée, aménagement du territoire et attractivité des régions.

Certaines régions surdotées coûtent beaucoup plus cher à l’État que les zones sous-dotées.

Les spécialistes ne sont pas épargnés. Étienne Minvielle, également professeur chargé de cours à l'École polytechnique, souligne que "prendre rendez-vous avec un dermatologue ou un cardiologue est devenu un vrai parcours du combattant dans certaines régions rurales". Même les zones urbaines connaissent des inégalités, mais elles sont souvent moins critiques qu’en campagne. Mais la régulation des installations médicales, encore limitée, montre toutefois quelques résultats : certaines zones surdotées voient l’arrivée de nouveaux médecins limitée pour équilibrer la répartition. Comme le rappelle Laura Artru, "certaines régions surdotées coûtent beaucoup plus cher à l’État que les zones sous-dotées, ce qui rend la régulation indispensable".

Solutions et perspectives pour un système plus solidaire

Face à ce constat, plusieurs pistes émergent pour combler la fracture sanitaire. Le concept de médecins solidaires est l’une des initiatives phares : des spécialistes exercent temporairement dans des zones sous-dotées, permettant un partage du temps médical. Laura Artru explique que "tous les spécialistes pourraient consacrer une journée de solidarité dans les zones sous-dotées. Cela existe déjà avec 800 médecins français qui passent une semaine par mois dans ces territoires". Étienne Minvielle insiste également sur l’importance de l’exercice partagé et des maisons de santé pluridisciplinaires, qui offrent un cadre de travail plus attractif pour les jeunes médecins. Il évoque aussi le rôle de la télémédecine et de la délégation de compétences aux infirmières de pratiques avancées ou aux pharmaciens pour répondre à certaines demandes à distance.

On ne peut pas demander aux jeunes médecins de faire encore des sacrifices après des études déjà très longues et difficiles.

L’attractivité des zones reste un facteur clé. Comme le confie Chloé, jeune médecin généraliste dans le Loiret, "tous les externes et internes qui passent dans notre région repartent, sauf ceux qui ont des attaches familiales. La jeunesse veut un cadre de vie agréable, un équilibre vie privée-vie professionnelle, et cela joue beaucoup sur l’installation des médecins". Les jeunes générations ont des attentes différentes : moins de sacrifices personnels et un épanouissement au travail. Béatrice, mère d’une étudiante en médecine, témoigne : "On ne peut pas demander aux jeunes médecins de faire encore des sacrifices après des études déjà très longues et difficiles". Étienne Minvielle confirme que "les conditions de travail et le confort environnemental sont bien plus déterminants que le simple salaire". Pour Laura Artru, l’enjeu est de combiner solidarité et qualité de vie : "la médecine est le plus beau métier du monde, mais elle demande un engagement envers les patients. Il faut que les jeunes médecins puissent exercer dans de bonnes conditions tout en rendant service aux territoires en manque".

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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