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Déserts médicaux : à La Ferrière-aux-Étangs, la détresse des patients, professionnels et élus

Déserts médicaux : à La Ferrière-aux-Étangs, la détresse des patients, professionnels et élus

Un article rédigé par Mathilde Danot - RCF Calvados-Manche, le 8 avril 2025 - Modifié le 9 avril 2025
L'actu normandeDéserts médicaux : dans l'Orne, la détresse des patients, professionnels et élus

Mercredi 2 avril 2025, les députés ont adopté un premier article d'une proposition de loi transpartisane contre les déserts médicaux. Il prévoit la régulation de l'installation des médecins sur le territoire. Une réunion d'information sur le sujet était organisée dans l'Orne samedi 5 avril.

8 millions de Français vivent dans un désert médical. © Freepik8 millions de Français vivent dans un désert médical. © Freepik

Malgré un temps estival ce samedi 5 avril après-midi, 150 personnes se sont réunies dans la salle des fêtes de La Ferrière-aux-Étangs, commune ornaise de 1 500 habitants. L'Association de citoyens contre les déserts médicaux y organisait une réunion d'information. Étaient présents des députés, élus locaux, professionnels de santé mais aussi des patients de La Ferrière-aux-Étangs, La Ferté-Macé ou encore Flers. Nombre d’entre eux venait s’informer sur la proposition de loi contre les déserts médicaux, prévoyant notamment la régulation de l’installation des médecins. Mais beaucoup étaient surtout présents pour exprimer leurs inquiétudes.

Dans l’Orne, des patients en détresse face aux déserts médicaux

Lors de cette réunion, de nombreux Ornais présents se sont dit inquiets de voir l'offre de soin s'amenuiser au fil des ans dans le département. C'est le cas de Jacqueline, retraitée à La Ferrière-aux-Étangs : « Je n’ai plus de médecin traitant depuis le mois de décembre. On est obligé d’aller aux urgences quand il y a vraiment une nécessité. Il faut compter cinq à six mois pour un rendez-vous, des fois plus ». Retraitée également dans la même commune, Thérèse a trouvé un médecin, installé à 27 km de son domicile. « Compte tenu de notre âge, viendra un jour où l’on ne pourra plus y aller, si on ne peut plus conduire », se désole-t-elle.

Même les communes voisines ont maintenant de moins en moins de médecins donc ça devient de plus en plus compliqué de se soigner.

 

Installé quelques rangs plus loin, Farid Amghar, adjoint au maire à Bellou-en-Houlme, partage les mêmes inquiétudes. « On est une petite commune donc on n’a plus de médecin depuis longtemps, explique-t-il. On va principalement sur Briouze, La Ferrière, Flers… Mais même les communes voisines ont maintenant de moins en moins de médecins donc ça devient de plus en plus compliqué de se soigner. »

 

150 personnes étaient réunies à La Ferrière-aux-Étangs, dans l'Orne, pour partager leurs inquiétudes face aux déserts médicaux. © RCF Orne

Dans les pharmacies, EHPAD… des professionnels démunis

Aujourd'hui, l’Orne ne compte plus que 145 médecins généralistes pour 270 000 habitants. Un manque de médecins qui pèse aussi sur les autres professionnels de santé.

« On a des patients qui sont dans une grande détresse parce qu’ils ne trouvent plus de médecins, selon Olivier Martineau, pharmacien à La Ferrière-aux-Étangs. La sécurité sociale leur demande d’avoir un médecin traitant, ils passent 40 coups de fil, ils se déplacent et on leur dit non à chaque fois parce que tout le monde est déjà complet. »

J’ai à peu près 25%, peut-être bientôt 30%, de la patientèle sans médecin traitant. 

 

Quelques kilomètres plus loin, à La Ferté-Macé, sa consœur Françoise Corbière fait le même constat depuis une dizaine d’années. « C’est très compliqué. J’ai à peu près 25%, peut-être bientôt 30%, de la patientèle sans médecin traitant. Nous essayons de coordonner les soins lorsqu’il n’y a pas de médecins, nous avons recours à la téléconsultation qui est une aide complémentaire. » Des aides qui ne remplacent pas un médecin traitant, nécessaire pour suivre le parcours de soin des patients, notamment avec des pathologies lourdes ou un nouveau diagnostic.
Une situation qui impacte aussi leur profession, comme le confie Olivier Martineau : « On est le dernier professionnel de santé accessible. Cependant, avec la désertification en zone rurale, petit à petit il y a des officines qui disparaissent. »

Une détresse face aux déserts médicaux partagée par Sandrine Le Barron. Elle est la directrice de l’EHPAD Sainte Anne de La Ferrière-aux-Étangs, dont la moyenne d’âge des résidents est de plus de 90 ans. Des résidents qui ont « besoin de voir un médecin, d’avoir les explications des traitements, des pathologies… », déplore Sandrine Le Barron. « La téléconsultation ne remplacera jamais cela et les interventions ponctuelles des médecins ne sont pas suffisamment régulières pour pouvoir répondre aux besoins des résidents. »

L'actu normandeUn maire ornais marche contre les déserts médicaux

Une proposition de loi transpartisane contre les déserts médicaux, soutenue par deux députés ornais

Pour tenter d’apporter une solution à cette problématique, une proposition de loi « visant à lutter contre les déserts médicaux » a été cosignée par plus de 250 députés. Une proposition de loi transpartisane soutenue par deux députés ornais, Chantal Jourdan (PS) et Jérôme Nury (LR). Ces derniers étaient présents ce samedi pour écouter les témoignages. 

Après avoir tout essayé en termes d’incitation [...], on en vient à se dire qu’il faut réguler pour mieux répartir les médecins.


« Les citoyens et les élus sont en souffrance, conclut Chantal Jourdan à la sortie de la réunion. En 10 ans, on a perdu 50 médecins généralistes dans l’Orne. » « Dans l’Orne, on est en urgence absolue, ajoute Jérôme Nury. Après avoir tout essayé en termes d’incitation que ce soit au niveau des exonérations d’impôts, des regroupements de médecins, des primes à l’installation… On en vient à se dire qu’il faut réguler pour mieux répartir les médecins. »

Le premier article de la proposition de loi contre les déserts médicaux ayant été voté par l’Assemblée nationale, les autres articles y seront examinés les 6 et 7 mai.

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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