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Des propositions pour aider la filière lait de montagne

Un article rédigé par Martin Obadia - RCF Haute-Loire,  - Modifié le 23 juillet 2021

Une mission d’information de l’Assemblée nationale vient de rendre ses conclusions sur la production laitière en zone montagne. Ce travail, conduit par Jean-Pierre Vigier, député (LR) de la 2e circonscription de Haute-Loire et vice-président de l’Association nationale des élus de Montagne et Pascale Boyer, députée (LaREM) des Hautes-Alpes vise à faire émerger des pistes pour mieux valoriser cette filière. 13 propositions sont mises sur la table autour de 3 grands axes.

Jean-Pierre Vigier, député de Haute-Loire présente son rapport et les préconisations pour la production laitière en zone montagne © Martin ObadiaJean-Pierre Vigier, député de Haute-Loire présente son rapport et les préconisations pour la production laitière en zone montagne © Martin Obadia

Les deux députés viennent de présenter leur rapport d’information devant la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale. Ce document est le résultat d’un travail mené depuis mars dernier. Une soixantaine d’acteurs du secteur ont été auditionnés.

Une filière clé pour les territoires de montagne mais qui est fragile

La production laitière de montagne (hors Appellation d’origine protégée AOP) c’est 65 000 emplois directs et indirects en France. 20 % de la collecte française a lieu sur ce territoire pour un total de 5 milliards  de litres de lait en 2020. Pour Jean-Pierre Vigier, il s’agit « d’une filière de qualité avec des exploitations familiales ». Selon lui, elle est essentielle à la vie des territoires de montagne pour plusieurs raisons. Outre qu’elle est pourvoyeuse d’emplois, elle est un pilier de leur attractivité car elle maintient des populations sur place et permet de préserver les paysages.

Mais depuis plusieurs années, selon le rapport parlementaire, les exploitations qui livrent du lait de vache en zone montagne diminuent. Elles étaient 14 000 en 2020 soit une baisse de 21 % en 6 ans. Certaines zones sont plus touchées, ne bénéficiant pas de signes officiels de qualité et de l’origine (Siqo) que sont par exemple les AOP ou les indications géographiques protégées (IGP). C’est le cas en particulier dans les Pyrénées et encore plus dans le Massif central où la situation « est particulièrement préoccupante » avec une baisse des livreurs de plus de 34% entre 2008 et 2017.

Il faut dire que sur l’ensemble de la France seulement 1/3 des massifs bénéficient d’une IGP ou AOP. Les 2/3 restants sont en lait blanc, lait classique. Leurs tarifs sont similaires à ceux du lait de plaine soit environ 330 € la tonne alors que les investissements et la production sont plus coûteux qu’en plaine. Jean-Pierre Vigier estime que ce lait n’est « pas valorisé à sa juste valeur ». (en IGP, le Beaufort par exemple est vendu aux environs de 700€ la tonne)

Plusieurs pistes pour valoriser le lait de montagne et permettre « un juste prix »

Pour pallier cette situation, les deux rapporteurs de cette mission d’information évoquent 13 propositions rassemblées autour de 3 axes : l’adoption d’un cadre fiscal adapté à la production de montagne, une valorisation des produits et la structuration de la filière et enfin le renforcement de l’attractivité des métiers.

Sur le premier point, les deux parlementaires proposent notamment de compenser les surcoûts en créant un cadre fiscal et réglementaire adapté. L’idée serait de s’inspirer du modèle des ZRR, les zones de revitalisation rurales qui permettent des exonérations fiscales et sociales. Autre proposition, augmenter les subventions d’investissement quand une exploitation construit un bâtiment en zone montagne.

L’ambition serait aussi de faire appliquer un point de la loi Montagne II qui concerne le carburant. Les députés demandent que soit publié le décret d’application qui permet une exonération de la TICPE (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques) pour les véhicules de collecte du lait de montagne. Ce texte n'aurait pas été publié alors que le texte date de 2016. 

Afin de mieux valoriser le lait de montagne, le rapport préconise aussi de lancer une démarche de certification au niveau européen. Les producteurs de lait de montagne pourraient se rassembler pour que cette production devienne une spécialité traditionnelle garantie (STG) « lait de montagne ». Pour cela il faudrait créer un cahier des charges, demander une certification à l’institut national de l’origine et de la qualité et ensuite faire une demande à l’échelon européen.

Cette certification aurait l’avantage de permettre une reconnaissance pour l’ensemble des massifs d’Europe. Ce ne serait pas une certification territorialisée comme le sont l’IGP et les AOP. Elle permettrait d’augmenter les prix en raison de la reconnaissance d'une qualité. En revanche, pour Jean-Pierre Vigier, si cette certification se met en œuvre il est important de bien communiquer pour mettre en lumière ce label.

Enfin sur le point de l’attractivité, plusieurs propositions sont sur la table comme le renforcement de l’aide à l’installation des jeunes et de leur accompagnement. Jean-Pierre Vigier et Pascale Boyer proposent également de rétablir un observatoire national de l’installation et de la transmission et d’augmenter les places dans les écoles nationales des industries laitières. Le but est de mieux répondre à la demande des entreprises, demande en hausse selon le rapport et faire face à l’afflux des candidatures.

Le rapport bientôt remis au ministre de l’agriculture

Maintenant que le rapport d’information a été validé par la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, Jean-Pierre Vigier doit le présenter au ministre de l’agriculture, Julien Denormandie. Il devrait l’être en octobre prochain lors du congrès de l’Association nationale des élus de montagne. Le député altiligérien affirme vouloir « mettre le ministre devant ses responsabilités ». Il souhaite qu’il reprenne les principales préconisations du rapport. Selon lui la filière est « en grand danger ». Si la situation continue telle qu’elle est actuellement, dans le Massif central et dans les Alpes, à l’horizon 2024, 2250 emplois pourraient être supprimés.   

Toutes les propositions sont à retrouver ici

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