Le gouvernement Bayrou, auquel il n'était pas prédit un grand avenir lors de son installation, en décembre dernier, a passé le cap des six mois, et il espère encore durer. Pour échapper à la censure, le Premier ministre avait eu l'idée de proposer de remettre la réforme des retraites sur le métier. Les partenaires sociaux, réunis en "conclave", ont eu quatre mois pour étudier la question, "sans tabou". Tout pouvait être discuté, même l'âge de départ à 64 ans, à la condition de ne pas dégrader les finances du pays, et François Bayrou avait promis que l'accord final trouvé entre syndicats et patronat serait débattu devant le Parlement. Les socialistes n'ont pas censuré son gouvernement, en février, sur la base de cette promesse.
Le clap de fin des négociations aurait déjà dû avoir lieu mardi de la semaine dernière, mais le conclave s'est achevé sans fumée blanche. La séance de ce lundi est celle de la dernière chance, et rien ne dit qu'elle sera conclusive. François Bayrou avait été très clair sur ce point : sans accord des partenaires sociaux, la très contestée réforme Borne de 2023 continuera à s'appliquer. Pas d'accord, pas de débat à l'Assemblée, rien ne se passe. Un accord partiel, en revanche - sur les carrières des femmes, l'âge de décote ou les critères de pénibilité - par exemple, obligerait le Premier ministre à tenir sa promesse. Le gouvernement a en tête d'intégrer ces éventuels points particuliers dans le prochain projet de loi de financement de la sécurité sociale, le PLFSS, qui sera examiné dans le cadre du budget 2026, à l'automne prochain. Il y pense depuis longtemps déjà, ce qui ne convient pas du tout aux socialistes.
Ils menacent de voter la censure du gouvernement Bayrou et on devrait en savoir plus sur le sujet dès aujourd'hui. La France Insoumise déposera une motion de censure quelle que soit la conclusion du conclave, dans la mesure où il n'est plus question de revenir sur l'âge de départ à 64 ans. La gauche devrait voter la chute du gouvernement avec les Insoumis, y compris les socialistes s'ils considèrent que le Premier ministre les a roulé dans la farine avec ce conclave en forme de montagne qui accouche d'une souris, voire de rien de tout. Mais ça ne veut pas dire pour autant que François Bayrou va être remercié.
Pour que son gouvernement tombe, il faudrait que les députés du Rassemblement national votent la censure que déposeront les Insoumis. Or, le parti de Marine Le Pen et de Jordan Bardella laisse entendre qu'il ne votera pas la censure sur les retraites, mais qu'il pourrait le faire au moment du budget. Pas avant l'été, donc, mais plutôt à l'automne. Sur la base du plan d'économies à 40 milliards d'euros que François Bayrou dévoilera à la mi-juillet. Le Premier ministre y gagne quelques mois de sursis. Il devra les vivre sous la pression du Rassemblement national, qui va pouvoir montrer qu'il est maître du jeu politique. L'automne sera chaud pour François Bayrou. Mais c'est loin, l'automne. Au rythme où vont les choses, le monde aura changé. Et la question de changer ou pas de gouvernement ne se posera peut-être plus dans les mêmes termes qu'aujourd'hui.
Des chroniqueurs d'horizons variés nous livrent leur regard sur l'actualité chaque matin à 7h20, dans la matinale.
- Le lundi : Stéphane Vernay, directeur de la rédaction de Ouest-France à Paris, et Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de La revue politique et parlementaire ;
- Le mardi : Corinne Bitaud, agronome et théologienne protestante, et Marie-Hélène Lafage, consultante en transition écologique auprès des collectivités territoriales ;
- Le mercredi : Clotilde Brossollet, éditrice, et Pierre Durieux, essayiste ;
- Le jeudi : Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne ; Aymeric Christensen, directeur de la rédaction de La Vie ;
- Le vendredi : Blanche Streb, essayiste, chroniqueuse, docteur en pharmacie, auteure de "Grâce à l’émerveillement" (éd. Salvator, 2023), "Éclats de vie" (éd. Emmanuel, 2019) et "Bébés sur mesure - Le monde des meilleurs" (éd. Artège, 2018), et Elisabeth Walbaum, Déléguée à la vie spirituelle à la Fédération de l'Entraide Protestante.
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !