Démission des maires : comment dépasser le coup de blues ?

Un article rédigé par Amaury Perrin - RCF, le 28 juin 2023 - Modifié le 17 juillet 2023
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Les maires, et plus généralement les élus, démissionnent de plus en plus. Lundi 26 juin, un maire des Alpes-de-Haute-Provence mettait fin à son mandat, malade et fatigué par ses fonctions. En cause : un certain blues, qui résulte de quelques années compliquées politiquement parlant, de l’augmentation des agressions et menaces dont les élus font l’objet, ainsi que des lois toujours plus nombreuses et pointilleuses. Au total, 1.293 maires ont quitté le navire depuis les dernières élections municipales de 2020.

Écharpe tricolore de maire sur un fauteuil © Jc Milhet / Hans LucasÉcharpe tricolore de maire sur un fauteuil © Jc Milhet / Hans Lucas

"Le nombre de démissions de maires et élus dans cette mandature est important par rapport aux précédentes", constate Murielle Fabre, secrétaire générale de l'Association des maires de France (AMF) et maire de la commune de Lampertheim (67). Celle-ci évoque des raisons diverses comme la crise sanitaire, l’inflation, la pression médiatique et sociétale qui exigent toujours plus d’immédiateté, sans compter sur les difficultés au sein des conseils municipaux. "Il y a une attente très pressante puisque les communes sont les premiers guichets pour les citoyens", explique la maire de Lampertheim.

 

Une recrudescence de la violence

 

"On fait face à une sorte de violence sociétale au niveau local pour les maires et les autres élus", dénonce Violette Spillebout, députée du parti La République en Marche, devenu Renaissance. Cette violence prend aujourd’hui de nombreuses formes, plus particulièrement à l’ère du numérique. De nombreux élus se retrouvent confrontés à des menaces anonymes, parfois envoyées par courrier mais souvent via les réseaux sociaux. "On sent une crispation générale des élus et des citoyens", indique la députée, qui insiste sur les risques pris par les maires en administrant leur commune. 

 

Ce sentiment d’insécurité qui pèse sur les maires et leurs proches est souvent un facteur de la démission des élus. "Le fait d’être agressé et d’avoir un irrespect quotidien pèse sur le moral des maires", estime Murielle Fabre. Dernièrement, à la mi-juin, un adjoint au maire du Vaucluse a été plaqué contre un mur et menacé de mort par un administré. Cet événement a ainsi emporté la démission de 23 des 27 conseillers municipaux qui ont réclamé un plus grand respect et traitement des élus. Selon Éric Berlivet, maire de Roche la Molière (42), "on oublie aujourd’hui qu’une commune est un collectif et qu’on est là pour partager et vivre ensemble". 

 

Quelles pistes pour avancer ?

 

Les difficultés financières auxquelles sont exposés les maires reviennent souvent sur la table. Le manque de recettes municipales est une première problématique pour les élus qui se retrouvent restreints dans leurs actions. "Il faut assouplir les choses, plus de légèreté et de recettes", affirme Murielle Fabre, laquelle dénonce une législation trop lourde. De plus, les maires eux-mêmes connaissent quelques difficultés en raison de leurs indemnités. "C’est un véritable risque de donner beaucoup de son temps aux autres pour une compensation proche du SMIC", confie Éric Berlivet.

 

"L’après est aussi difficile", selon Violette Spillebout. En effet, il est souvent compliqué pour un élu de retrouver une vie professionnelle normale après avoir passé un certain nombre d’années en mandat. Des pistes de réflexions sont donc lancées pour aider les anciens maires à retrouver un emploi. Par ailleurs, tout au long de leur mandat, les maires se voient obligés de suivre de nombreuses formations pour rester à la page. "Il est important d’être généraliste, formé et de maîtriser de nombreux domaines", indique Éric Berlivet. Des formations sont même proposées aux élus pour réagir aux mieux aux agressions et menaces. 

 

Une mission au cœur de la vie des Français

 

"Les élus doivent s’attacher à préserver et valoriser ce statut", estime Violette Spillebout, qui insiste sur le besoin de transparence et d’expliquer le statut d’élu à la population. C’est bien sûr sous condition d’un réel soutien étatique, afin que "la petite flamme continue à vivre", ajoute Éric Berlivet. "Rien n’est plus beau et plus noble que de se lever le matin et d’aller travailler pour sa commune", considère Murielle Fabre, qui dit se lever chaque matin avec la volonté de "se retrousser les manches".

 

Une mission transpartisane est en cours, en lien avec l’actuelle ministre des collectivités territoriales Dominique Faure, afin de conduire des actions concrètes autour du statut d’élu. 

 

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