Démission au diocèse de Strasbourg
Un ecclésiastique qui avait été accusé d'agression sexuelle sur mineur au début des années 1990, mais jamais condamné du fait de la prescription, a annoncé mercredi 10 septembre démissionner de son poste de "vicaire général" auprès de l'archevêque de Strasbourg, du fait de l'"émoi" suscité par sa récente nomination.
strasbourg © DrLe diocèse de Strasbourg a partagé le communiqué du Chanoine Hubert Schmitt
"Depuis quelques jours, la presse et les réseaux sociaux évoquent avec insistance mon office de Vicaire général et de responsable du pôle pastoral « charité et soin ». Suite à l’enquête approfondie menée par le Parquet pendant trois années consécutives, madame la Procureure de Mulhouse a mis un terme, le 21 octobre 2024, aux poursuites diligentées à mon encontre. Devant l’émoi suscité, et en vue de préserver la sérénité du gouvernement diocésain, j’ai présenté ce jour ma démission à Mgr l’Archevêque de Strasbourg. Ce dernier l’a acceptée."
Une enquête judiciaire pour agression sexuelle
Le prêtre de 71 ans avait fait l'objet d'une enquête judiciaire, à la suite du témoignage en 2021 d'un homme affirmant qu'il l'avait agressé sexuellement en 1993, alors qu'il avait 13 ans et était servant de messe. "Les faits dénoncés par la victime semblent crédibles", avait indiqué en mai 2023 la procureure d'alors de Mulhouse, Edwige Roux-Morizot. Après un appel à témoins pour tenter de retrouver d'autres victimes potentielles - lequel n'avait rien donné -, l'enquête avait cependant été classée sans suite en octobre 2024, les faits étant prescrits.
Dans ce contexte, la récente nomination de M. Schmitt comme proche collaborateur de l'archevêque de Strasbourg, Pascal Delannoy, avait suscité un début de polémique. L'homme qui l'avait accusé, Emmanuel Siess, s'est notamment dit "choqué" de cette promotion auprès de médias locaux. Il s'agit là d'"un signal préoccupant pour les victimes" et "profondément décourageant", avait également estimé dans un communiqué le très actif collectif des Voix libérées, qui regroupe les victimes de violences sexuelles perpétrées par un prêtre tourangeau entre les années 1960 et 1980.
Une affaire qui fait échos à la polémique du diocèse de Toulouse
Cette affaire intervient quelques semaines après une vive polémique provoquée dans le diocèse de Toulouse par la promotion d'un prêtre en dépit de sa condamnation pour viol sur mineur en 2006. Devant l'indignation des fidèles, l'archevêque Guy de Kerimel avait finalement dû renoncer à sa décision qui avait poussé la Conférence des évêques de France (CEF) elle-même à réagir.
En octobre 2021, la Ciase (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise) avait publié un document choc estimant à 330.000 le nombre de mineurs victimes depuis 1950. Dans une lettre publiée cette semaine par le média Tribune Chrétienne, plusieurs prêtres - anonymes - du diocèse de Strasbourg avaient exprimé leur "indignation" face à la récente promotion du chanoine Schmitt à Strasbourg, et appelé de leurs voeux une "visite apostolique", c'est-à-dire une inspection ordonnée par le pape.




