Demain, le printemps

Les oiseaux chantent, la vie est belle ? 

Les oiseaux sont une espèce en voie de disparition, dans les villes comme dans les campagnes, et la vie est dure. Ce sentiment de renouveau, la joie que nous éprouvons à voir les beaux jours revenir, le printemps refleurir, ne signifie pas que nous sommes aveugles à la réalité, que nous sommes d’un optimisme naïf et inconscient. Ce que dit le printemps, ce n’est pas que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais que, dans ce monde où le meilleur n’est jamais certain, il nous est toutefois possible d’espérer. 

Je sais : l’espérance n’a pas bonne presse. Un peu comme la gentillesse.  Avez-vous remarqué qu’on doit presque toujours ajouter qu’être gentil est une qualité, et pas un défaut, que c’est nous faire un compliment et non une critique que de louer notre gentillesse ? Eh bien, il en va de même pour l’espérance.
 

On l’associe à un défaut : un défaut de lucidité ? de clairvoyance ? 

Oui, espérer serait à la fois une fuite et une erreur, une façon de se voiler la face et de ne pas prendre la mesure des choses. Il y aurait beaucoup à faire pour réhabiliter l’espoir. Et, pourtant, que faisons-nous dans chacune de nos entreprises, petites et grandes, sinon espérer, sinon nourrir un espoir ? Que faisons-nous, sinon parier sur l’avenir, conjurer l’incertain, croiser les doigts et défier l’impossible ? Nous ne sommes pas faits pour vivre au présent : nous sommes faits pour demain, pour arpenter plus loin, pour aller au-devant des printemps. 

Vivre, c’est se risquer à faire un pas de plus, c’estaffronter le hasard et l’aléatoire. Ce n’est pas nécessairement avoir la bougeotte ou être perpétuellement insatisfaits. Ce n’est pas nécessairement une fuite ou une course folle. C’est être prêt pour de nouveaux départs, c’est entretenir en soi quelque chose de toujours jeune, de toujours renouvelé. Et comme le dit Sartre : « Tout cet avenir dont l’homme est pétri, toutes les cimes, tous les horizons violets, toutes ces villes merveilleuses qu’il hante sans y avoir jamais mis les pieds, c’est l’espoir. » C’est le printemps.