Lorsqu’il est venu à Genève le 21 juin 2018, le pape François a répondu à une triple invitation : du Conseil œcuménique des Eglises (COE), de l’Eglise catholique en Suisse et des autorités fédérales. Récit et témoignages croisés de Pascal Desthieux, recteur de la Basilique Notre-Dame de Genève et André Kolly, ancien directeur du Centre catholique de radio et télévision (CCRT) à Lausanne, présents ce jour-là.
Rapprocher l'Eglise Catholique des autres confessions chrétiennes : vœu formulé par François au Conseil Œcuménique des Eglises à l'occasion des 70 ans de cette "communauté fraternelle". Le Conseil propose un lieu de rencontres des différentes Églises pour qu’elles puissent se connaître et travailler ensemble. À ses débuts, en 1948, le COE comptait 147 églises. Elles étaient en majorité protestantes et occidentales. Aujourd’hui, elles sont 350 et majoritairement orthodoxes. L’Église catholique romaine ne siège pas au COE. Si lors des premières années, les relations entre Rome et le COE étaient tendues, le concile Vatican II a permis d’établir un dialogue. Aujourd'hui, elle collabore avec le conseil à titre d’observateur, et de nombreux théologiens catholiques sont intégrés dans différentes commissions et groupes de travail.
Ce 21 juin 2018, ce n’est que la troisième fois qu’un souverain pontife se rend au COE. Lors de ce voyage qui a pour thème "cheminer, prier et collaborer", François déclare : "Comment les chrétiens peuvent-ils évangéliser s’ils sont divisés entre eux ?". Pour le père Pascal Desthieux, alors vicaire épiscopal du canton de Genève, ce déplacement n'avait rien d'anodin : "Dès le début, on a senti les liens avec ses prédécesseurs Jean-Paul II et Paul VI, qui se sont déplacés à Genève. C'est un signe fort de dire : je viens à cette célébration."
Autre motif de ce déplacement : rendre visite aux catholiques de Suisse, avec la grande messe célébrée à Palexpo. Devant 41 000 fidèles, dont 5 500 venus de la “France voisine”, c'est un pape profondément humain qui s'adresse à la foule. "La particularité du pape dans ces cas-là, c'est de parler avec simplicité. Il a repris le thème du Notre Père. Trois mots clés : le mot Père, car on tous un père, personne ne doit se sentir seul. Le mot pain, parce que c'est absolument indispensable pour vivre, mais c'est aussi le pain de l'Eucharistie. Et le mot pardon, parce qu'on n'avance pas dans la vie de ce monde si on n'est pas en mesure de faire le premier pas," relève André Kolly, commentateur de la célébration pour la Radio Télévision Suisse.
Pascal Desthieux insiste également sur la portée de ce message : "Les paroles que François a prononcées lors de sa venue sont vraiment restées dans les mémoires. Il s'agissait de marcher ensemble, de ne pas rester immobile, d'avancer chacun à son niveau. Ses paroles étaient à la fois très claires, très simples et très profondes."
Le pape François était aimé bien au-delà des catholiques
La venue du pape à Genève, une ville qui embrassa officiellement le protestantisme en 1536 et devient la "Rome protestante" sous l'influence de Jean Calvin, a marqué les esprits. "Le pape François était aimé bien au-delà du catholicisme" souligne Pascal Desthieux. Selon une étude de l'Office fédéral de la statistique (OFS), la part des catholiques romains dans la population genevoise est de 36%, celle de ceux qui sont sans appartenance religieuse de 37% et celle des protestants de 10%.
Pour André Kolly, ce type de rencontre a eu un véritable effet : il a encouragé la connaissance mutuelle et le vivre-ensemble. Le décès du pape François marque la fin d'un pontificat profondément ancré dans l'œcuménisme, le dialogue interreligieux et la proximité pastorale. Quelques semaines avant sa mort, François a ouvert la porte vers une date commune de la fête de Pâques, entre toutes les confessions chrétiennes.
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