De Bayrou à Lecornu : réactions contrastées des députés du Loiret
Sébastien Lecornu est le nouveau premier ministre. Le président de la République, Emmanuel Macron l'a nommé avec une mission bien précise. Celle-ci est décrite dans le communiqué de presse diffusé par le palais de l'Elysée, quelques heures à peine après la présentation, par François Bayrou, de ses démissions. Le nouveau premier ministre sera donc chargé de « consulter les forces politiques représentées au Parlement en vue d’adopter un budget pour la Nation et bâtir les accords indispensables aux décisions des prochains mois ». Quelle est la suite ? Tour d'horizon avec deux députés du Loiret.
Frajçis Bayrou et Sébastien Lecornu lors de la passation de pouvoir le 10 septembre © Service d'information du Gouvernement. Jusqu'à la veille de la nomination du nouveau chef du gouvernement, a décision de François Bayrou de présenter sa démission de son poste de Premier ministre, à la suite du vote de confiance qu’il avait lui-même provoqué à l’Assemblée nationale, continuait d’agiter le monde politique. Dans le Loiret, deux députés, issus de camps opposés, ont livré aux micros de RCF Loiret leur analyse et dessinent deux visions bien différentes de la suite à donner à cette crise institutionnelle.
Pour Thomas Ménagé, député Rassemblement National de la 4ème circonscription du Loiret, le départ de François Bayrou était écrit d’avance. « Dans cette majorité, c'est le choix de François Bayrou, qui a décidé de se soumettre à ce vote de confiance alors qu'il n'en était pas bien entendu obligé. Il a fait le choix, au final, d'organiser sa sortie. Et donc, ce n'est pas une volonté de renverser le gouvernement. » Selon lui, l’échec était inévitable : « Il a préféré demander un vote qui lui avait perdu d'avance puisque constitutionnellement, ça nous ferait entrer dans une forme de majorité de soutien à ce gouvernement alors que nous sommes dans l'opposition. »
Trois blocs et pas de majorité
Le député RN a souligné la fragmentation de l’hémicycle : « Il y a trois blocs à l'Assemblée nationale et donc pas de majorité possible. » À ses yeux, la logique politique conduit à une seule solution : « Quand la situation est dans un tel blocage, la seule porte de sortie, c'est le retour aux urnes, c'est de redonner la parole aux Français pour qu'il y ait une majorité. Une majorité, nous l'espérons du Rassemblement National. Sans certitude, bien entendu, qu'il y ait cette fois-ci une majorité. Mais quand il n'y a pas d'autres opportunités, redonner la parole au peuple, c'est toujours grandir notre démocratie. »
Priorité budget
Face à ce constat, Stéphanie Rist, députée Renaissance de la 1ère circonscription du Loiret, a insisté au contraire sur l’urgence de sortir rapidement de l’impasse. « C'est vers demain qu'il faut se tourner et que très vite, nous puissions reprendre des discussions autour d'un budget pour que nous puissions avoir un budget avant la fin du 31 décembre. Parce qu'en fait, c'est ça qui est important pour nos concitoyens, parce que dans leur vie de tous les jours, si nous n'avons pas de budget, le risque est qu'il y ait un coût pour tous nos concitoyens. »
La parlementaire met en garde contre la tentation de dissoudre l’Assemblée : « Je n'ai pas peur de retourner aux élections. Ce qui m'intéresse, c'est que ce soit efficace. Faire une dissolution juste pour retarder l'évolution de l'Assemblée et remettre une Assemblée aussi compliquée, moi, je trouve que ce n'est pas intéressant. »
Pour elle, la priorité doit être au dialogue et au compromis : « Soyons efficaces, essayons de trouver d'autres façons de travailler. Tournons nous vers ceux qui veulent travailler au bénéfice des Français plutôt que de mettre leur intérêt politique personnel en avant. Je crois que là, il y a un appel à l'intérêt général qui doit se faire avant les intérêts individuels. »
Ces deux prises de position résument la fracture politique qui traverse l’Assemblée. D’un côté, le Rassemblement National qui appelle à un retour aux urnes comme seule issue possible. De l’autre, la majorité présidentielle qui tente de sauver la législature en misant sur la responsabilité collective et la recherche de solutions pragmatiques.
Entre la perspective d’élections anticipées et l’appel au pragmatisme budgétaire, c’est bien l’avenir de la vie politique française qui se joue dans les prochaines semaines.
