Montpellier
Le cardinal Jean-Paul Vesco se trouvait la semaine dernière dans la chapelle Sixtine. Après le faste du conclave et l’enthousiasme suscité par l’élection, le 8 mai, de Léon XIV, le nouveau pape semble déjà pleinement investi de sa fonction, alors même que sa messe d’installation est prévue pour dimanche prochain, le 18 mai. Ce conclave, qui n’a nécessité que quatre tours de scrutin, s’est révélé particulièrement rapide et continue de soulever des interrogations. Décryptage avec le cardinal Jean-Paul Vesco, qui livre ses impressions sur le nouveau pape.
Le cardinal Jean-Paul Vesco avait exprimé, durant les congrégations générales, ses interrogations face à un collège cardinalice qu’il connaît peu. Selon le cardinal d’Alger, l’Esprit saint a agi en révélant le cardinal Prévost dès le quatrième tour de vote.
Les spéculations allaient bon train durant les dix jours précédant le début du conclave. Chaque média avait sa propre liste de papabili, sans qu’un nom ne ressorte vraiment plus qu’un autre. Le cardinal Jean-Paul Vesco reconnaissait lui-même, à son arrivée au Vatican, ses doutes face à un collège cardinalice venu du monde entier, dont les membres se connaissaient très peu. « Effectivement, le jeu était très ouvert durant les journées qui ont précédé. Le cardinal Prévost faisait partie des possibles, parmi d’autres », témoigne l’archevêque d’Alger.
Effectivement, le jeu était très ouvert durant les journées qui ont précédé. Le cardinal Prévost faisait partie des possibles, parmi d’autres
Le premier vote, qui a eu lieu le mercredi 7 mai en fin d'après-midi, a révélé un large éventail de candidats. L’objectif est alors de réduire ce nombre, sans forcément recourir à la parole, mais en s’appuyant sur les éléments ressortis des congrégations générales. Pour le cardinal Jean-Paul Vesco, « ce n’est plus le temps de la parole. Plus le temps avance, plus on s’interroge sur tel ou tel candidat, pour savoir si c’est possible ».
Le nom du cardinal Prévost est apparu à la suite des congrégations générales, révèle l’archevêque d’Alger. « On savait que c’était forcément un des noms qui allaient compter, mais parmi d'autres. Quatre ou cinq autres, ceux qu'on appelle les papabili. » Mais avant le vote du premier soir, les cardinaux ne savent pas vraiment à quoi s’en tenir. Ils disposent de peu d’informations et chacun dresse une petite liste de cardinaux qu’il imagine voir devenir pape. « On avait tous fait ce travail-là, et après, l’Esprit a fait le sien : il a brouillé les cartes. » Dès la matinée du deuxième jour du conclave, les voix ont très largement convergé vers lui.
On savait que c’était forcément un des noms qui allaient compter
Le pape Léon XIV a été élu très rapidement, rassemblant une large majorité dès le quatrième tour. Arrivé la veille au soir, le nouveau souverain pontife a été élu en une demi-journée : tout s’est joué durant la matinée. « Ça nous a surpris et touchés », confie Monseigneur Vesco. Il souligne la joie unanime des cardinaux lors de cette élection. Tout le collège cardinalice s’est rassemblé derrière Léon XIV. « C’est une expérience qui m’a profondément touché. »
Le pape Léon XIV a été élu en raison de ses trois identités, souligne Monseigneur Vesco. Né et grandi aux États-Unis, il a vécu vingt ans au Pérou, dont il a acquis la nationalité. Il est également religieux augustin. « Cet homme a trois identités. Quand on est religieux, les identités nationales passent un peu au second plan par rapport à notre identité fraternelle », explique le cardinal Jean-Paul Vesco. Léon XIV est un homme à la croisée de deux continents. Ancien préfet du dicastère pour les évêques, il a passé deux années à parcourir le monde et à visiter ses frères dans de petites communautés. Pour Mgr Vesco, « il a une connaissance du monde que personne ne peut avoir ».
Cet homme a trois identités. Quand on est religieux, les identités nationales passent un peu au second plan par rapport à notre identité fraternelle
Léon XIV n’est pas un pape américain : il n’appartient plus à un pays, mais à l’Église universelle. « C’est un homme qui ne s’appartient plus, qui n’appartient plus à un pays. Je pense qu’il n’y aura pas de récupération possible », conclut Mgr Vesco.
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