Dans le Nord, des parents en situation de handicap bientôt privés d'accompagnement
Depuis plus de vingt ans, des associations du Nord accompagnent des parents en situation de handicap mental pour les aider à élever leurs enfants. Mais cette aide essentielle est aujourd’hui menacée. En cause : la suppression des financements départementaux.
« On a longtemps eu du mal à concevoir que des personnes avec un handicap mental puissent être parents. Les mentalités changent, mais trop lentement. » ©PapillonsBlancsUne décision incompréhensible et injuste, selon Alain Croix, président de l’association Les Papillons Blancs, en première ligne dans ce combat.
Je suis en colère. Derrière cette aide, il y a de l’humain. Ils ont coupé parce qu’il manquait de l’argent. Mais pourquoi ce sont toujours les personnes handicapées qui paient en premier ?
Un service pionnier, aujourd’hui fragilisé
Le SAAP (Service d’Accompagnement à la Parentalité) est né il y a 22 ans, à l’initiative d’un père inquiet pour l’avenir de sa fille, porteuse de handicap, qui exprimait le souhait d’avoir un enfant. À l’époque, le projet est soutenu par le président du Département du Nord. Une innovation sociale saluée, mais qui n’a jamais été pérennisée.
On a longtemps eu du mal à concevoir que des personnes avec un handicap mental puissent être parents. Les mentalités changent, mais trop lentement.
Pourtant, les besoins sont bien réels. Certains parents accompagnés par le SAAP ne savent pas lire, ne savent pas toujours exprimer leurs inquiétudes ou gérer seules certaines situations du quotidien. Le service les aide à surmonter ces obstacles, sans les remplacer dans leur rôle.
« Ce mot, je l’ai banni : la rentabilité »
Alors que le département invoque des contraintes budgétaires, Alain Croix alerte sur les conséquences d’un raisonnement purement comptable :
On nous parle de rentabilité. Moi, ce mot, je l’ai banni. Comment peut-on être rentable quand on s’occupe de personnes en situation de handicap ? L’objectif, ce n’est pas la rentabilité, c’est que ces enfants deviennent des adultes insérés dans la société.
Privées de ce soutien, certaines familles risquent de se retrouver en grande difficulté, avec une menace bien réelle : le placement des enfants.
Pour moi, le placement, ce n’est pas une bonne chose. C’est retirer un enfant à ses parents. L’accompagnement, c’est tout l’inverse. C’est les aider à grandir ensemble.
Une aide précieuse, au plus près des besoins
Aurélie est maman d’une petite fille de quatre ans. Elle élève seule Maëline, qu’elle décrit comme « ses deux yeux ». L’annonce de sa grossesse a été un bonheur, mais aussi une source d’angoisses.
Quand j’ai appris que j’étais enceinte, j’étais contente. Je voulais avoir un enfant depuis longtemps. Mais parfois, j’ai peur, je stresse. Isabelle m’aide à faire des calendriers, à m’organiser. Elle me rassure.
Comme Aurélie, des dizaines de parents risquent de perdre une aide précieuse, construite patiemment au fil des années, adaptée à leurs besoins et à leur rythme.


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