"Dans la maladie et la transplantation, Jésus a toujours été là"

"Un jour, à l'âge de sept ans, je me suis réfugié dans ma chambre après avoir vu des images de tanks, de soldats et de guerre au journal télévisé" se souvient Père Christian Auffret. C'était en Bretagne, où Christian a grandi dans une famille catholique : "J'étais bouleversé, ce soir-là. Je me suis enfermé dans ma chambre pour pleurer et crier. Et pour la première fois, j'ai senti la présence du Seigneur, sur mon épaule. Je sentais qu'il était là, avec moi. Une présence réconfortante, rassurante qui ne m'a jamais quitté". Christian grandit, quitte la Bretagne pour la Savoie, travaille pendant sept ans dans une usine d'imprimerie. Il a toutefois, en toile de fond, l'idée d'une vocation religieuse. "Lors de la venue de Jean-Paul II à Lyon, j'ai fait partie des jeunes comédiens. Le Pape a appelé des jeunes à être prêtre, ça a été un déclic". Christian fait une pause professionnelle pour intégrer un centre vocationnel à Aix-Les-Bains, qui le mènera au séminaire et à l'ordination presbytérale : c'était en Maurienne en 1996, l'année de ses 34 ans.  

Je n'ai pas été en colère contre Dieu. Par contre, j'ai été en colère contre les responsables de l'affaire du sang contaminé 

Depuis toutes ces années, le Père Christian a vécu sa vie, son parcours professionnel et vocationnel avec une santé fragile. "Je suis né hémophile. C'est ce qui m'a conduit à partir vivre en Savoie, dans un centre médical qui me permettait de poursuivre une scolarité. Pendant cette période, j'ai été transfusé et contaminé d'une hépatite C, par le sang. La maladie a fait des ravages sur mon foie". Le Père Christian vit des années de traitements médicaux, une cyrrhose et un cancer. Quand l'hépatite est enfin maîtrisée, son foie est trop dégradé. En 2018, alors qu'il est recteur du sanctuaire Notre-Dame de Myans, Christian Auffret bénéficie de la greffe d'un foie entier. "Lors de cette hospitalisation de six mois et pendant toutes les années de souffrance qui ont précédé, Jésus a toujours été là. La vie de foi, la vie sacramentelle, le soutient et la prière de la communauté chrétienne m'ont vraiment aidé à supporter les épreuves. Je n'ai pas été en colère contre Dieu. Par contre, j'ai été en colère contre les responsables de l'affaire du sang contaminé". 

Avoir reçu un tel don, cela invite à donner et se donner toujours plus 

Aujourd'hui, le Père Christian Auffret profite d'une "deuxième vie", au cours de laquelle il remercie chaque jour son donneur et les médecins qui ont assuré sa transplantation. Il continue sa vie de prêtre pour l'Eglise catholique de Savoie, passe tous les jours des coups de fils à son frère et sa sœur, et profite de belles marches avec sa chienne. "Avoir reçu un tel don, cela invite à donner et se donner toujours plus. Bien sûr il faut accepter ses forces et ses limites. J'ai aujourd'hui un diabète qui m'handicape dans mon ministère. Mais en arrivant à Albens, je me suis engagé pour aider l'association des donneurs de sang, lors des collectes locales". Une expérience de fragilité qui rend le Père Christian proche de tous ceux qui traversent l'épreuve : "Quand je sens qu'une personne a le cafard ou en a marre de la vie, j'essaye de transmettre que le Seigneur nous aime, malgré la souffrance".