Ces « chat bot » ont été développés pour accompagner via des logiciels comme Skype, What’s app ou Messenger le client dans les questions de bases qu’il pourrait avoir. Mais le journaliste américain James Vlahos, sur l’une des scènes du Web Summit de Lisbonne, a dévoilé son chat bot créé pour communiquer avec son père, mort quelques mois auparavant. Une forme d’immortalité digitale.
Il n’est pas le seul à tenter l’expérience, mais c’est peut-être la plus aboutie de toute. Au départ il s’agit pour James Vlahos de recueillir sur papier les souvenirs de son père afin de garder une trace qu’il pourra transmettre aux générations, sans autre vertu que de prendre la poussière sur une étagère de la bibliothèque. Mais c’est en faisant un papier pour le NY Times sur la poupée « Hello Barbie », qui répond aux questions des enfants, qu’il à l’idée de reprendre les 200 pages de notes et d’essayer de retrouver les expressions et les tournures de phrase de son père pour passer de notes éparses à une forme conversationnelle. Pour cela il va s’appuyer sur une plateforme dédiée au développement de chatbot « Pullstream » qui développe déjà les objets connectés tel que le Google home ou l’Alexa d’Amazon.
J’avoue avoir du mal à identifier la finalité de cette innovation, et c’est là que la chronique se transforme en billet d’humeur. Car quelle finalité autre que de vouloir garder une présence absente de la personne aimée ? Une innovation d’ailleurs qui ne va pas sans rappeler l’épisode « bientôt de retour » de la série black Mirror où tout commence comme avec notre journaliste mais qui se termine avec une technologie qui réinjecte cette intelligence artificielle dans un robot ressemblant trait pour trait au défunt, nous laissant nombre de questions éthiques et sociétales. A moins que ce soit un moyen de faire son deuil, ce que je ne pense pas, car en ce qui me concerne le chemin du deuil, c’est de passer de la communication que nous avions avec un être cher à la communion.
Et si je fais cette chronique aujourd’hui c’est aussi parce que mon père est décédé cette semaine et qu’en homme médecin et chercheur qu’il était, il aurait adoré ce sujet tout en le critiquant. Alors certes nous n’avons pas de dad bot pour dialoguer avec lui, mais il nous reste les photos, ses peintures, car il aimait peindre et ses disques de chants scouts « Les Routiers » qu’il enregistra chez Philips dans les années 60 qui firent les beaux jours de nos trajets en voiture dans l’enfance et aujourd’hui de ceux de ces petits enfants : il n’y a pas besoin de dad bot, puisque sa voix est immortalisée depuis 50 ans.
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