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Culture ou cancel culture
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Culture ou cancel culture

Un article rédigé par Claude Boussard - RCF Loiret,  -  Modifié le 16 novembre 2021

Je referme à l’instant le livre de Chantal  Delsol «La fin de la Chrétienté ». Que l’on se rassure ce livre n’est pas pessimiste car il distingue Chrétienté et Christianisme. Le premier terme, synonyme de pouvoir et de gouvernance de la cité et le second comme l’amour et la foi en Jésus, d’un peuple qui « marche doucement vers une fontaine » comme le disait Saint Exupéry. Et cette marche n’est pas près de s’arrêter.

© Pixabay © Pixabay

Non ce que je voudrais pointer ici, aujourd’hui, c’est un extrait de la Campagne du planning familial adressé au jeune public, diffusée sur les réseaux sociaux en septembre 2020, cité par Chantal Delsol dans son livre. Je cite :

« En amour, il y a plein de possibilités ! Qu’on soit enfant ou adulte, il est possible de changer souvent d’amoureux, ses, ou d’avoir plusieurs amoureux, ses, en même temps. Etre en couple, relation composée de deux personnes, est un modèle mais pas le seul. Si le modèle polyamoureux  est peu répandu, c’est parce qu’il n’est pas montré dans les films et dans les livres. Si toutes les personnes sont au courant, ça peut rendre tout le monde très heureux ! Plus de personnes, plus d’amour, c’est plus de bonheur, de câlins…. L’important c’est la communication et l’honnêteté. »

Je vous laisse apprécier, notamment ce que fait l’honnêteté dans cette galère libertaire. Si j’en  crois le Larousse,  les synonymes d’honnêteté sont conscience, dignité - droiture - intégrité - loyauté - moralité - probité , et les contraires : corruption - immoralité - improbité - indélicatesse - malhonnêteté.

Je me demande s’il n’y aurait pas comme une confusion dans l’esprit des rédacteurs de cette campagne. Enfin c’est à vous de voir. Le mot d’ordre est pas de limites, pas de contraintes, comme si la liberté pouvait s’exercer sans contrainte.

Bisounours décomplexés et enfin éveillés au bonheur que nous promettent les tenants de la nouvelle culture, unissez-vous.

En France, nous sommes habitués à ces poussées éruptives, qui consistent à balayer le passé. La Révolution l’a fait en remplaçant Dieu par un Etre Suprême, en instituant le peuple souverain. Le chant l’International, qui invitait à faire du passé table rase, a été écrit par un français,  Eugène Pottier, poète de la Commune de Paris. La musique fut toutefois écrite par un compositeur belge, Pierre Degeyter, quinze ans plus tard. Mais ce dernier a eu la délicatesse de composer la musique à Lille.

Mais c’est curieux que les français soient si friands de la vie de la famille royale anglaise et que notre constitution nous ait doté d’un président monarque.

Nous vivons une époque où il est de bon ton de déconstruire. Cette épidémie a même gagné le monde sérieux des affaires. Il y a quelques temps une banque française sérieuse, invitait à balayer le passé pour mieux bâtir l’avenir. Ils ne disaient pas sur quoi. Je me suis laissé dire qu’un homme politique, bien connu, parlait de déconstruire notre propre histoire, et  que de beaux esprits voudraient transformer d’histoire de France en histoires en France. Nous sommes multi culturalistes, pas vrai ?

Nous avons rebondi par le passé, mais le rebond se fait de plus en plus faible, et le ballon semble un peu dégonflé. Alors nous en prenons un autre, que nous fournissent avec empressement les tenants de la Woke Culture et de la Cancel Culture. Même les institutions se soumettent à ceux qui veulent les dominer, pour avoir la paix (pas de vague) et faire semblant d’être toujours aux manettes (je suis leur chef, alors je les suis).

Mais si l’on ne sait pas d’où l’on part, (plus de racines), et si on ne sait pas où l’on va, (multicultures et relativisme) nous ne sommes pas près d’arriver quelque part. Ainsi parlait notre Maître Pierre Dac. Il avait fondé en 1965 pour les élections présidentielles le parti du MOU (mouvement ondulatoire unifié). Je me demande si tous nos partis ne pourraient pas accoler ce sigle à leur nom, tant nous nous trouvons dans un relativisme moral, dans lequel les repères font cruellement défaut. Je pense cependant que notre riche culture, est intacte, et que si nos élites veulent bien s’en souvenir nous rebondirons, et pas avec le ballon de la Cancel Culture.

C’est certain que nous ne reviendrons pas à une Chrétienté d’il y a un siècle et demi, comme décrit par le Syllabus de Pie IX, publié en 1864. Et je ne pense pas que les femmes seraient d’accord. Mais l’Eglise du Christ que nous sommes tous, est toujours vivante. Cela bouge, l’institution travaille, innove, des laïcs sont toujours engagés. L’important n’est-il pas d’être témoins plus que « convertisseurs ». Je témoigne, mais c’est l’Esprit qui convertit.

 

Le livre : La fin de la chrétienté de Chantal Delsol. Aux éditions du Cerf.

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