Critiqué depuis plusieurs mois, l'Office Français de la Biodiversité tire le bilan de l'opération AIRPRO à Sainte-Marie-de-Ré
Largement critiqué par les agriculteurs lors des mobilisations agricoles en début d'année 2025, l'Office Français de la Biodiversité (OFB) a présenté ce mercredi 4 juin par l'intermédiaire de son directeur général Olivier Thibault le bilan de l'opération AIRPRO. L'occasion également de défendre l'importance de ses actions, après de nombreuses critiques des agriculteurs et des Républicains.
Pris pour cible par les agriculteurs et une partie de la droite, l'OFB continue de défendre l'importance de ses actions, soutenu par les acteurs locaux. @RCF1717 118 contrôles en un mois, pour 878 infractions : voilà le bilan de l'opération AIPRO, menée entre le 1er et le 31 mai dans toute la France. Elle visait à mener des contrôles renforcés sur les espaces naturels protégés et à sensibiliser les publics présents sur ces espaces. L'Office Français de la Biodiversité (OFB) indique ainsi dans son bilan que le but était à la fois de "prévenir les atteintes à la biodiversité" et "contrôler les activités de loisir" dans les espaces protégés.
"Les gens comprennent"
Présent à Sainte-Marie-de-Ré pour revenir sur cette opération avec plusieurs acteurs locaux, Olivier Thibault, directeur général de l'OFB, a souligné la réaction des publics rencontrés au cours d'AIRPRO, affirmant que les citoyens avaient conscience de "l'importance de ces espaces protégés" : "les gens comprennent que ce sont des espaces fragiles, que c'est normal de les protéger et qu'il faut respecter ces réglementations". Et Olivier Thibault d'ajouter que les personnes rencontrées "râlent plutôt [sur le fait] que ceux qui ne les respectent pas ne soient pas assez contrôlés !".
Avec 109 infractions constatées pour 1267 contrôles, la Nouvelle-Aquitaine figure parmi les deux plus mauvais élèves, devancée par la Bretagne. Au total, une personne contrôlée sur 20 était en état d'infraction, un bilan qui fait dire à Olivier Thibault qu'il "reste encore du boulot". Le directeur général de l'OFB veut toutefois se concentrer sur le positif : "je suis persuadé qu'aujourd'hui, si on veut laisser à nos enfants un cadre de vie acceptable, nous devons prendre conscience de l'impact que nous avons tous sur l'environnement et construire des systèmes qui soient durables".
Les acteurs locaux solidaires face aux attaques
Le message de l'OFB est-il toutefois encore audible aujourd'hui ? C'est la grande question. L'établissement public a en effet été la cible d'attaques répétés d'acteurs du monde agricole, mais également du monde politique, puisque le président des députés Les Républicains Laurent Wauquiez avait appelé à sa dissolution en février dernier. Autour d'Olivier Thibault, plusieurs acteurs locaux ont souligné l'importance de l'OFB, comme la maire de Sainte-Marie-de-Ré Gisèle Vergnon, vice-présidente déléguée à l'environnement à la communauté de communes de l'Île de Ré, le secrétaire général de la préfecture de Charente-Maritime Emmanuel Cayron, ou encore la directrice déléguée du parc naturel marin de la Gironde et de la mer des Pertuis Julie Bertrand.
Présente également, Sophie Dubas, procureure adjointe du parquet de La Rochelle, qui a souligné la nécessité des agents de l'OFB : "la justice environnementale [...] ne peut pas fonctionner sans s'appuyer sur des enquêteurs spécialisés". Dénonçant des attaques "injustes", elle a souligné un service d'enquête "bougrement efficace" et a assuré l'OFB de "la confiance du parquet". "Dans les tribunaux, nous sommes des juristes, et nous avons besoin d'une expertise technique pour ensuite pouvoir faire notre travail", souligne Sophie Debas.
Ces agents étaient représentés lors de ce bilan d'action par Yamin Ridoux, la cheffe du service départemental, qui a souligné que sur le département, l'OFB avait été "plutôt épargnée" par la crise agricole : "nos services n'ont pas fait l'objet de menaces ou d'atteintes directes à nos locaux, on a plutôt de très bonnes relations avec le monde agricole". Elle reconnaît toutefois qu'il y a "un petit peu un climat de défiance" envers l'OFB venant d'autres acteurs, comme les chasseurs ou les pêcheurs. Et Yamin Ridoux l'assure, "l'idée n'est pas d'interdire les usages", mais bien "de les accompagner, de faire respecter les règles pour qu'il y ait une certaine équité entre les différents usagers". "On est de plus en plus sensibilisés aux thématiques environnementales, donc je reste optimiste", conclut la cheffe du service.
