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Crise politique : quels compromis possibles entre majorité et opposition ?

Crise politique : quels compromis possibles entre majorité et opposition ?

Un article rédigé par Philomène Dubois - RCF, le 7 octobre 2025 - Modifié le 7 octobre 2025
L'Invité de la MatinaleImpasse politique : deux députés cherchent des solutions

Lundi matin, peu avant 10h, coup de théâtre lors de l’annonce de la démission du Premier ministre. Emmanuel Macron a ensuite demandé à Sébastien Lecornu de mener des discussions d'ici mercredi soir pour « définir une plateforme d'action et de stabilité pour le pays ». Pour de nombreux observateurs, il s’agit de la négociation de la dernière chance. Charles Rodwell, député Ensemble pour la République des Yvelines, et Ayda Hadizadeh, députée PS du Val-d’Oise, dressent les possibles sujets ouverts au compromis.

Charles Rodwell, député des yvelinesCharles Rodwell, député des yvelines

En cas de nouvel échec mercredi, l’entourage d’Emmanuel Macron a laissé entendre qu’il prendrait ses responsabilités, semblant laisser planer l'hypothèse d'une nouvelle dissolution.

Nommer un Premier ministre de gauche ?

Depuis le coup de tonnerre provoqué par la démission de Sébastien Lecornu, la question que tout le monde a au bout des lèvres est « quelle suite ? » Pour Ayda Hadizadeh, elle est toute trouvée : il faut nommer un Premier ministre de gauche. « Nous n'avons jamais appelé ni à la dissolution, ni à la démission, encore moins à la destitution. Nous disons qu'il faut respecter le vote des Français. » La députée appelle au changement par un changement de cap clair, mais Charles Rodwell ne s’y retrouve pas.

 Nous n'avons jamais appelé ni à la dissolution, ni à la démission, encore moins à la destitution. Nous disons qu'il faut respecter le vote des Français.

Le député d’Ensemble pour la République rappelle qu’il n’y a pas de majorité absolue au Parlement, et que, de fait, le gouvernement fonctionne uniquement avec des majorités relatives, permettant de ne pas se faire censurer au Parlement. « J'ai tout à fait conscience que les députés élus de l'opposition ont une légitimité égale à la mienne et donc c'est avec eux qu'il faut travailler, même si on n'est pas d'accord. » Pour Charles Rodwell, respecter le vote des Français ne se résume pas à la nomination d’un Premier ministre de gauche.

Une taxation du patrimoine des très riches

Parmi les sujets qui ne trouvent pas de compromis au Parlement et qui ont fait couler beaucoup d’encre depuis l'arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron, figure la taxation des riches. Le député Charles Rodwell propose de taxer le patrimoine des très riches et, en contrepartie, de baisser les impôts ou la fiscalité sur les donations. « Je pense qu'il faut être constructif, on sait qu'on a des désaccords mais j'essaie de trouver des compromis. Est-ce qu'en contrepartie vous seriez prêts à ce qu'on baisse massivement la fiscalité sur les donations en contrepartie de la fiscalité sur le patrimoine ? », interroge le député.

Mais en favorisant ces donations intra-familiales, vous voyez bien qu'on va encore plus mettre à mal cette fameuse méritocratie qui est le pilier de notre démocratie. 

Pour Ayda Hadizadeh, cette proposition se résume à mettre en place un mécanisme de contournement fiscal qui lui paraît injuste. « Derrière ces messages concrets, il y a des valeurs. Ce qui m'étonne beaucoup, et je veux qu'on débatte là-dessus, votre parti et vous-même, je pense que vous êtes très attaché à la valeur mérite. Cette valeur-mérite, pour qu'elle vive, il ne faut pas qu'on constitue des avantages dès le départ à certaines personnes. Il faut que tout le monde essaie d'être sur la même ligne de départ pour que le mérite fonctionne totalement. Mais en favorisant ces donations intra-familiales, vous voyez bien qu'on va encore plus mettre à mal cette fameuse méritocratie qui est le pilier de notre démocratie. »

Le dossier retraite

Le second dossier qui ne trouve pas de compromis parmi les partis est la réforme de la retraite. Le député des Yvelines appelle à favoriser la retraite par capitalisation. « Tous les élus locaux, notamment socialistes, bénéficient d'un régime de retraite complémentaire par capitalisation. Si on laisse le sujet de la retraite par répartition de côté, nous favorisons, pour les Français, par l'imposition, par la baisse des impôts, la retraite par capitalisation, dont des milliers d'élus de votre parti bénéficient eux-mêmes. »

La question de la retraite par répartition, il y a toute une autre valeur qui est fondamentale si on veut sortir ce pays de la crise durablement. C'est la collectivité, la communauté.

La retraite par capitalisation cache cependant, aux yeux de la députée du Val-d’Oise, de l’individualisme. « La question de la retraite par répartition, il y a toute une autre valeur qui est fondamentale si on veut sortir ce pays de la crise durablement. C'est la collectivité, la communauté. » La retraite par capitalisation ne fonctionne qu’en cas de régimes spéciaux, notamment lorsque les élus locaux touchent, non pas un salaire, mais des indemnités. « Nous avons des retraites complémentaires parce que nous avons une fonction élective. Ce n'est pas notre métier. »

Bien que le débat soit ouvert, les députés semblent encore loin de trouver un terrain de compromis.

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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