Crise du bâtiment : en Normandie, la CAPEB s’inquiète de la baisse d’activité
5 minutes pour comprendre… la crise du bâtiment. Chute des constructions neuves, des travaux d'entretien et de performance énergétique… En ce début d'année 2025, l'activité des artisans du bâtiment poursuit sa baisse. Une situation que dénonce la CAPEB Normandie.
Moins 5% d’activité pour les artisans du bâtiment au premier trimestre 2025 par rapport à l’année dernière en France, c’est le chiffre avancé par la CAPEB. © FreepikMoins 5% d’activité pour les artisans du bâtiment au premier trimestre 2025 par rapport à l’année dernière en France. C’est le chiffre avancé par la CAPEB, syndicat patronal de l’artisanat du bâtiment, qui s’est inquiétée, dans un communiqué du 30 avril 2025, de la crise dans laquelle plongeait l’artisanat du bâtiment. Explications avec Florian Leclercq, président de la CAPEB Normandie.
RCF : La situation pour les artisans du bâtiment en Normandie suit-elle la tendance nationale ?
Florian Leclercq : Les chiffres indiquent un recul de 5,5% de l’activité pour l’artisanat du bâtiment en Normandie au premier trimestre 2025 par rapport à l'année dernière. Et cette tendance baissière se poursuit depuis maintenant quatre ans.
Tous ces chiffres résultent de l'incertitude de nos clients d'investir pour leur avenir.
RCF : Pourquoi cette crise touche-t-elle le secteur de l'artisanat du bâtiment ?
Florian Leclercq : Tous ces chiffres résultent de l'incertitude de nos clients d'investir pour leur avenir, pour leur projet de rénovation. Les différentes crises gouvernementales et les changements de règles que l’on connaît depuis plusieurs années font perdre à nos clients leur confiance et leur volonté d’investir et de rénover.
RCF : La CAPEB note notamment la chute de la construction neuve, moins 10% en un an. Les Français construisent de moins en moins de logements neufs, quelles en sont les conséquences ?
Florian Leclercq : Tous les secteurs sont concernés : les électriciens, les maçons, les charpentiers-couvreurs… La crise du logement est importante. Aujourd’hui, le gouvernement a mené des actions, notamment avec l'ouverture du prêt à taux zéro, la baisse des crédits plutôt significative... Donc, le gouvernement s'occupe du neuf mais on a aussi besoin qu’il s'occupe de la rénovation. L’activité dans la rénovation est en baisse également depuis plusieurs années, elle continue de décroître. On demande un vrai choc de lisibilité sur la rénovation.
En Normandie, les défaillances d'entreprises ont augmenté de plus de 16% par rapport à l'année précédente.
RCF : Selon les chiffres de la CAPEB, les travaux d’entretien-amélioration sont en baisse de 2% au premier trimestre 2025 par rapport à l’année dernière et les travaux de performance énergétique en baisse de 1,5%. Avec les objectifs environnementaux actuels, ces chiffres peuvent sembler paradoxaux ?
Florian Leclercq : Oui, on a des objectifs que l’on doit atteindre, surtout concernant la réduction des gaz à effet de serre. Mais, avec les différentes crises, on a subi des hausses de TVA par exemple, sur certains équipements de la chaudière à gaz notamment. L'État a aussi mis en place davantage d’interlocuteurs pour nos clients lors de la mise en place de leur projet de rénovation. Les délais de traitement d’aides augmentent aussi. Toutes ces contraintes freinent nos clients et freinent aussi nos artisans pour les projets, donc il est temps de faire quelque chose.
Cette crise a touché 2 200 salariés.
RCF : Quels sont les impacts de cette baisse d’activité sur l'emploi dans l’artisanat du bâtiment ?
Florian Leclercq : En Normandie, les défaillances d'entreprises ont augmenté de plus de 16% par rapport à l'année précédente. Cette crise a touché 2 200 salariés, donc il faut la prendre en compte et on demande au gouvernement ou aux parlementaires d'entendre nos cris d'alerte, que l'on puisse retrouver un dialogue et une écoute pour construire ensemble un avenir durable pour nos entreprises.
RCF : Quelles solutions sont avancées par la CAPEB, syndicat de l'artisanat du bâtiment, pour relancer le marché ?
Florian Leclercq : On demande un engagement budgétaire cohérent, durable et ancré dans la réalité des entreprises de proximité. On demande également d'avoir un choc de lisibilité : aujourd'hui, tout ce qui concerne la rénovation change chaque année, nos clients et nos entreprises ne savent pas quoi dire ni quoi faire, parfois ça change en cours d'année. Donc, on demande à avoir quelque chose de durable pour pouvoir investir au sein de nos entreprises, pour pouvoir aussi envisager des recrutements. Mais aussi pour que nos clients puissent envisager des projets à long terme.


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