Crise dans des paroisses de la Somme : « C’est une priorité que personne ne se sente exclu de l'Église »
La situation est tendue dans les paroisses d’Albert, d’Acheux-en-Amiénois, de Bray-sur-Somme et de Mailly-Maillet. Des paroissiens accusent les trois prêtres arrivés en septembre de vouloir faire prendre un virage intégriste à ces communautés chrétiennes. Appelant à distinguer « les rumeurs et les faits », l’évêque d’Amiens veut rassurer les paroissiens : « aucun virage radical, qui s’opposerait à l’accueil de tous et à la miséricorde, n’est à l’ordre du jour dans le diocèse ».
Installation des trois prêtres du diocèse de Fréjus-Toulon le 31 août 2025 ©Diocèse d'AmiensMise à l’écart des femmes, refus de la communion aux personnes divorcées ou homosexuelles, annulation de concerts profanes… Ces accusations, formulées par des paroissiens anonymes, sont relayées par nos confrères du Courrier Picard. L’article du quotidien local décrit même une fuite des fidèles. Près de la moitié de l’assemblée ne viendrait plus à la messe le dimanche.
Depuis le 1er septembre, trois prêtres sont arrivés du diocèse de Fréjus-Toulon dans les paroisses d’Albert, d’Acheux-en-Amiénois, de Bray-sur-Somme et de Mailly-Maillet. Les prêtres envoyés par Mgr Touvet s’occupent notamment du sanctuaire Notre-Dame-de-Brebière. Des prêtres diocésains, dans la Somme comme Fidei Donum, qui avaient émis le désir de vivre une expérience en communauté inspirée de la spiritualité franciscaine.
Mais très vite, des tensions sont apparues dans ces communautés catholiques. Les prêtres, qui arborent régulièrement la soutane, auraient des propos moralisateurs pendant leurs homélies. Certains parlent même d’endoctrinement.
« Il va falloir évaluer si on peut continuer l’expérience ou pas »
Une situation qui préoccupe l’évêque d’Amiens qui a reçu plusieurs témoignages de paroissiens. Mgr Gérard Le Stang constate que certaines personnes se sont senties jugées par des prédications et que « des gens ont été blessés par cette situation ».
Ces prêtres ont été accueillis pour trois ans avec une première année à l'essai. Il va falloir évaluer la situation très rapidement pour savoir si on peut continuer l'expérience ou pas [...] Il faut être juste pour les personnes qui se sentent blessées et pour ces prêtres. Cela suppose de prendre du temps tout en se pressant. Et de décider tout en restant juste pour chacun.
La musique, point de frustration
Il n’y a pas que la pastorale ou les enseignements qui posent problèmes aux fidèles, la gouvernance de leur paroisse est également remise en cause. « On a l’impression d’être en dictature », juge un ancien de la paroisse cité par le quotidien régional.
Symbole de cet autoritarisme : la musique. La messe de la sainte Cécile, patronne des musiciens, est habituellement l’occasion d’une grande célébration avec une quarantaine de choristes. Cette année, l’un des prêtres aurait refusé que cela se tienne.
Un autre concert, non religieux, a lui été refusé par un des prêtres formé à Fréjus Toulon sous l'épiscopat de Mgr Dominique Rey. Le père jugeant que le concert risquait de « profaner » l’église.
Concernant les concerts, l’évêque se veut prudent :
C’est un principe de la loi de laïcité qui fait que le lieu de culte doit rester un lieu de culte et pas un lieu de spectacle. il y a une tolérance pour les activités culturelles. ça se fait en bonne composition. Il y a toujours un regard du pasteur local et au niveau diocésain.
« Il y a urgence, car des personnes se sentent jugées. »
L’évêque souhaite faire la lumière sur ce qui se passe dans les paroisses. Inquiet que des personnes divorcées ou homosexuelles se sentent exclues. Mgr Le Stang veut rester prudent voulant distinguer « les rumeurs et les faits ». Le patron de l’église dans la Somme rappelle avec force que « l'Église doit poursuivre son témoignage de miséricorde et d'accueil de tous. »
Il y a urgence, car des personnes se sentent jugées, et ça ne doit pas arriver.
Nous sommes dans un diocèse qui a une tradition d'accueil très forte. Que personne ne se sente exclus dans notre Église, c'est une priorité de priorité (sic).
Et de rappeler « qu’aucun virage radical, qui s’opposerait à l’accueil de tous et à la miséricorde, n’est à l’ordre du jour dans le diocèse ».


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