Covid-19 : un vaccin bientôt disponible ?
Depuis des semaines, une course aux vaccins contre le Covid-19 s'est engagée dans le monde entier. 11 vaccins candidats sont en phase 3, ce qui équivaut à des essais sur 1000 à 100 000 personnes. Plusieurs laboratoires ont présenté des taux d'efficacité différents pour leur vaccin. Les laboratoires BioNTech et Pfizer ont annoncé que leur vaccin était efficace à 90%. Celui de l'américain Moderna le serait à 94,5%. Ces deux vaccins font particulièrement parler d'eux car ils utilisent une technologie génétique encore jamais approuvée chez l'homme : l'injection d'un fragment de l’ADN ou de l’ARN du coronavirus dans le corps pour éduquer le système immunitaire à combattre le virus.
Si cette technologie réussit, le vaccin pourrait être une révolution selon le virologue et expert auprès de l'OMS Jean-François Saluzzo. "Si ces vaccins marchent, il y a des dizaines d'autres qui attendent dans les congélateurs. Nous sommes au niveau du passage des pellicules de Kodak aux petites cassettes numériques, si tout marche comme prévu", affirme-t-il. Ce vaccin coûte peu cher et est relativement facile à produire.
Mais certains scientifiques émettent des réserves. Il faut rester prudent sur ces chiffres avancés. "Ce vaccin s'injecte en deux doses. L'analyse se fonde sur une semaine après la deuxième injection. On sait que les anticorps sont maximum à ce moment-là. Donc il n'est pas surpenant qiue ça confère un fort taux de protection", estime Bruno Pitard, directeur de recherche au CNRS.
Les vaccins dans l'attente d'une validation
Tous les vaccins candidats doivent être validés avant d'être mis sur le marché, même les plus classiques composé d'un virus vivant atténué ou inactivé. Car il peut y avoir des risques. Les essais cliniques visent justement à contrôler les dangers et limiter les effets secondaires. Mais ils peuvent exister. "Les résultats indiquent que ces vaccins sont sécurisés. Mais les effets secondaires sérieux et très rares peuvent appaître plus tard", explique l’immunologiste Cecil Czerskinsy.
50% seulement des Français disent avoir l'intention de se faire vacciner selon un sondage Odoxa pour France Info et le Figaro. Mais certains spécialistes se veulent rassurants. "Il y a tous ces remparts de protection avant qu'on pense qu'une vaccination sauvage puisse être mise en place avec tous les risques que ça peut avoir. Le vaccin va encore subir un certain nombre de tests", assure Philippe Amouyel, professeur de santé publique au CHU de Lille. Après les essais cliniques, des instances comme l'Agence européenne du médicament devront autoriser ou non une mise sur le marché de ces vaccins.
Quelle immunité ?
Les scientifiques manquent encore de recul pour évaluer l'immunité exacte du vaccin. Au vu des résultats, elle est a priori de trois mois.
Tous les pays doivent pour l'instant élaborer leur stratégie de vaccination avec cette inconnue. Le ministre de la santé Olivier Véran a assuré vouloir "commencer la vaccination au début de l’année 2021 si le vaccin est efficace et sûr". Mais qui et comment tester ? "Si on a un vaccin qui donne une immunité sur le très long terme on peut envisager de créer une immunité de groupe. La logique c'est de vacciner d'abord les personnes à risque, le personnel médical et les personnes âgées et celles ayant des facteurs de comorbidité", affirme le virologue Jean François Saluzzo.
Le gouvernement a pré-réservé 300 millions de dose de ce vaccin, auprès de la Commission européenne, qui coordonne les commandes de vaccin. Elle pourrait d'ailleurs donner son feu vert pour le vaccin de BioNTech et Pfizer d'ici un mois.
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