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Covid-19 : "Les Français ont découvert l'odorat en le perdant !"

Covid-19 : "Les Français ont découvert l'odorat en le perdant !"

Un article rédigé par Guillaume Lemoine - RCF Calvados-Manche, le 17 mars 2025 - Modifié le 18 mars 2025
L'actu normandeSensibiliser à la perte de l'odorat : le combat de l'association Anosmie.org

3 millions de personnes sont atteintes d'anosmie dans le monde. 

L'anosmie, c’est la perte ou l’absence totale d’odorat, et c'est une pathologie peu connue, même si elle marqué les esprits lors de la pandémie de COVID-19, puisqu'elle figurait en bonne place parmi les symptômes du coronavirus.

Jean-Michel Maillard est le président d'Anosmie.org. Crédits photo © Anosmie.org.Jean-Michel Maillard est le président d'Anosmie.org. Crédits photo © Anosmie.org.

Pour sensibiliser la population, deux associations organisaient une matinée d’échanges autour de l’anosmie et des troubles de l’odorat : Atmo Normandie et Anosmie.org.

C'était le 27 février, journée mondiale de l'anosmie, au sein de l'Hôtel du Département de la Seine-Maritime, à Rouen. 

Avant d'intervenir sur la scène de la salle de conférence, Jean-Michel Maillard, président d'Anosmie.org, a accepté de répondre à nos questions.

 

Guillaume Lemoine : Qu'est-ce qui provoque l'anosmie ?

Jean-Michel Maillard : Premièrement, vous pouvez naître sans l'odorat. C'est important de le savoir pour tous les parents qui nous lisent et les enfants aussi. 

Ensuite, vous pouvez perdre l'odorat suite à une chute, un accident, un choc au cerveau assez violent. Vous êtes alors anosmique traumatique.

 Vous pouvez aussi devenir anosmique en raison d'une polypose nasale, des polypes qui poussent dans vos cavités nasales et qui empêchent les molécules odorantes d'aller rejoindre vos bulbes olfactifs. 

Vous pouvez aussi perdre l'odorat des suites de la COVID-19, et ça les Français sont bien au courant, mais aussi suite à la grippe hivernale.

G.L : C'est pendant la période COVID que la population française, l'opinion publique, a vraiment pris conscience que l'anosmie existait ?

J-M.M : Exactement, c'est à ce moment-là, et à notre grand regret, les Français ont découvert l'odorat en le perdant. 

C'est un peu ce que nous avons regretté. Et nous avons vraiment accompagné, assisté toute la France, et même d'autres pays limitrophes, dans ce drame qui est entré dans leur vie, dans l'accompagnement à la rééducation olfactive, puisque nous avons été précurseur dans ce domaine dès 2018. Donc bien avant la COVID.

G.L : Vous évoquiez aussi l'anosmie comme conséquence de la grippe. Même si la grippe est bien connue en France, j'ai l'impression que cette conséquence du virus est plutôt méconnue des Français.

J-M.M : La conséquence est méconnue parce que l'odorat n'est pas connu. La culture de l'odorat n'existe pas en France. Les Français ne réalisent pas l'importance qu'il a dans leur vie de tous les jours. 

Alors, de savoir que les conséquences d'une grippe, ça ne pourrait être "que" de perdre l'odorat, ça n'en fait pas forcément un problème majeur. A l'inverse, pour la COVID, on était à 80% des malades qui avaient perdu l'odorat. Donc là, c'est remonté assez fort. 

Mais d'un point de vue général, on parle trop peu d'odorat. Dans votre carnet de santé, vous ne trouverez pas une seule fois le mot odorat. On ne dépiste pas les troubles de l'odorat chez les enfants. On dépiste bien les problèmes de vue et d'audition alors pourquoi on ne dépiste pas les problèmes d'odorat ? 

On s'aperçoit qu'au pays de l'œnologie, de la gastronomie, de la parfumerie, on a oublié l'odorat.

G.L : Le dépistage de l'anosmie chez les enfants, c'est l'un des combats qu'Anosmie.org mène au quotidien. Quels sont vos autres chevaux de bataille ?

J-M.M : Le dépistage, c'est le début pour nous. Ça prendra quelques décennies, mais c'est essentiel de faire naître cette culture qui va pousser le corps médical, le corps scientifique, et les citoyens à saisir l'importance de l'odorat, et à réfléchir à comment le protéger et comment développer des traitements. 

Parmi nos autres combats, le tout premier reste le soutien. L'accompagnement des patients touchés par les troubles de l'odorat : anosmie, hyposmie, hyperosmie, etc. Donc vraiment le soutien. 

Et puis, nous devons aussi redonner de l'espoir. Nous devons récupérer et rassembler les informations utiles au niveau mondial concernant les nouveaux traitements et tout ce qui peut être utile pour tous les types d'anosmie.

Enfin, nous devons rassembler. Créer une communauté, lui donner de la force pour bien expliquer que l'absence d'odorat est un handicap. Un handicap qui a frappé certains de nos professionnels, des œnologues, des parfumeurs, qui ont perdu leur métier et leur excellence en quelques minutes en 2020. Et pour eux, il n'y a pas de solution.

G.L : Est-ce qu'il y a de l'espoir ? Certains, après le COVID, ont réussi à recouvrer l'odorat, entièrement ou partiellement. Mais pour tous ceux qui sont anosmiques, à cause de la COVID ou pour des raisons totalement différentes, et à qui on a dit que c'était définitif :  est-ce qu'il existe tout de même une petite lueur d'espoir aujourd'hui ?

J-M.M : Oui, il y a beaucoup de gens qui récupèrent l'odorat, c'est très bien, mais il faut impérativement penser à ceux qui ne le récupèrent pas.

Il faut être confiant : nous allons trouver des solutions. Il en existe déjà, elles sont au stade de la recherche. C'est à nous de les pousser, c'est à nos ORL de nous aider à développer ces solutions et c'est aux patients de solliciter nos élus, nos professionnels de santé, nos scientifiques, afin que ces solutions avancent un peu plus vite.

Un grand merci Jean-Michel Maillard, président de l'association anosmie.org, d'avoir accepté cet entretien.

Pour plus de renseignements sur l'anosmie et les troubles de l'odorat, rendez-vous sur le site de l'association anosmie.org mais aussi sur celui d'Atmo Normandie.

L'Actu normande
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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