Covid-19: "La catastrophe a été évitée" pour les personnes sans-abri, selon Julien Damon
Le confinement est pour beaucoup une épreuve difficile, selon les conditions de vie et les habitations. Mais pour d’autres, c'est une mesure qui les isole encore plus. C’est notamment le cas des personnes sans-abri dont parle Julien Damon, professeur associé à Sciences Po et conseiller scientifique de l'École Nationale Supérieure de Sécurité Sociale, dans son dernier livre "Inconfinables ? Les sans abris face au coronavirus" (éd. Aube).
Depuis le début de la crise sanitaire, le bilan est "globalement positif" contrairement à ce que Julien Damon craignait. "On imaginait que ça pouvait être une hécatombe pour les personnes à la rue. Heureusement ça n’a pas été le cas", se réjouit-il, instistant sur la mobilisation des pouvoirs publics et des cultes. "Sur la période, la catastrophe a été évitée", sourit le professeur.
DES bénévoleS MOBILISÉS MAIS ÉPUISÉS
Cette mobilisation ne s’est pas faite sans difficulté. "Du côté des personnels rémunérés et bénévoles il y a une sorte de fatigue car la période a été très compliquée", raconte-t-il. Mais elle a porté ses fruits car depuis le début de l’épidémie, "on est passé de 150 000 places à 185 000 dans les hébergements d’urgence", assure Julien Damon.
La crise sanitaire a compliqué la prise en charges de ces personnes. Dans l’urgence, certaines municipalités ont ouvert des gymnases pour accueillir les personnes sans-abri. Julien Damon affirme qu’ils "sont à proscrire en termes de distanciation sociale", restant toutefois conscient qu’ils sont souvent urgemment nécessaires.
REPENSER LA STRATÉGIE DE PRISE EN CHARGE
Cette crise doit conduire à repenser la stratégie de prise en charge des personnes sans abri selon le professeur. "Il y a une forme de jeu de ping pong assez insupportable entre l’État et les collectivités locales", regrette Julien Damon. "Je pense que c’est une politique qui devrait davantage être décentralisée. Je propose que soient confiés aux mairies les budgets et les responsabilités pour cela", ajoute-t-il.
Si la catastrophe a été évitée cette année pour les personnes à la rue, "attendons nous à ce que 2021 soit encore pire que 2020", alerte Julien Damon, pointant notamment l’augmentation du chômage chez les jeunes générations.
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