Azerbaïdjan
La COP29 s’est achevée dimanche à Bakou en Azerbaïdjan sur un goût d’inachevé. Un accord minimal a bien été trouvé pour financer la transition climatique des pays les plus pauvres. Mais il est critiqué par les ONG, les scientifiques et les pays du Sud.
Les négociations à la COP29 de Bakou étaient incertaines. Dimanche, un accord a finalement été trouvé aux forceps sur l'un des enjeux principaux de cette COP : un fond climat pour financer la transition des pays en voie de développement menacés par le changement climatique. Le texte prévoit de passer de 100 à 300 milliards de dollars par an d’ici 2035 l’aide accordé par l’Europe, les Etats-Unis, le Canada, le Japon, l'Australie et la Nouvelle-Zélande.
Cet argent est nécessaire pour s'adapter aux conséquences du changement climatique inondations, aux canicules et aux sécheresses, mais aussi pour investir dans les énergies bas carbone. Mais les pays du Sud déplorent un "accord insuffisant". "Ils demandaient 1300 milliards de dollars par an au plus tard en 2030. C'était déjà une offre très raisonnable, car selon les estimations scientifiques, leurs besoins s'élèvent entre 5 et 6 000 milliards de dollars par an d'ici 2030" rappelle Fanny Petitbon, responsable France de l’ONG 350.org et membre du Réseau action climat. "Ce qui leur a été concédé, c'est vraiment des miettes, sans garantie aucune".
"C'est un mauvais accord et c'est globalement une déception attendue. Dès l'instant où la négociation portait uniquement sur un montant global" estime François Gemenne, spécialiste de la gouvernance du climat et contributeur du rapport du GIEC. "Il aurait été nettement préférable d'avancer sur des points plus pratiques et plus concrets". Les Occidentaux dont les Européens, premiers bailleurs mondiaux de finance pour le climat, n'étaient pas prêts à aller au-delà des 300 milliards, en période de contraintes budgétaires et de secousses politiques. Ils estiment néanmoins avoir contribué à un résultat historique.
En face, on considère que les états les plus riches ont une "dette climatique", étant donné qu’ils sont historiquement les premiers émetteurs de gaz à effet de serre. Fanny Petitbon dénonce "leur cynisme" mais aussi l'attitude de la présidence de l’Azerbaïdjan qui "a ignoré les appels des pays du Sud". La France, a regretté "une absence de leadership". L’Allemagne a reproché à l’Azerbaïdjan sa proximité avec des pays pétroliers. Autre couac justement l'un des autres textes prévus, censé approfondir la sortie des énergies fossiles lancée par la COP28 de Dubaï, n'a pas pu être adopté. "C’est un recul et cela envoie évidemment des signaux de confusion et d'incertitude qui sont assez terribles aux investisseurs, aux marchés et aux industries" souligne François Gemenne.
Toutefois, Fanny Petitbon retient tout de même un point positif de cette COP : "le multilatéralisme fonctionne encore" dans un contexte géopolitique de plus en plus compliqué. Bakou a malgré tout été une "expérience douloureuse" a déclaré Marina Silva, la ministre de l'Environnement du Brésil, qui accueillera le prochaine COP30 dans un an. En arrière-plan de ces négociations l'année 2024 sera vraisemblablement la plus chaude jamais mesurée sur la planète.
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