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Contresens agricole

RCF,  - Modifié le 4 juin 2018
La France refuse d’interdire le glyphosate et préfère importer des produits bio…
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Selon l’Agence française pour le développement et la promotion de l’agriculture biologique - L’Agence bio, pour les intimes, un groupement d’intérêt public créé par le Gouvernement Jospin en 2001 - l'augementation de la consommation des produits bio a été de 17 % en 2017. Même si cette augmentation ne bénéficie pas intégralement aux paysans bio français puisqu’elle inclut la consommation d’aliments exotiques, comme le café, le chocolat et certains fruits produits ailleurs que dans nos régions d’outre-mer, elle est quand même à 2 chiffres ! Pour autant, bien que la surface agricole utile (la SAU) désormais consacrée à la bio ait doublée l’an dernier, elle ne représente que 5% de la SAU nationale.
 
C’est dans ce contexte que l’Assemblée nationale vient de rejeter l’interdiction d’utiliser le glyphosate, pourtant promise par Emmanuel Macron. Ce poison herbicide, aux effets ravageurs sur la biodiversité et probablement cancérigène[1] va donc pouvoir continuer à être épandusur les cultures. L’Assemblée nationale examine en effet en ce moment, en 1ère lecture, le projet de loi pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine et durable ; on notera au passage, le cynisme de l’intitulé. C’est mardi 29 mai, à 2h00 du matin que l’amendement, prévoyant d’inscrire dans la loi l’interdiction du glyphosate d’ici 2021, a été rejeté par 63 député(e)s.
 
Parce que sur les 577 député(e)s que compte l’Assemblée nationale, ils n’étaient que 85 dans l’hémicycle au moment du vote de cet amendement et 63 d’entre eux l’ont rejeté. Ce qui fait, pour une mesure qui impacte directement notre santé et l’état de la biodiversité, tout de même 492 député(e)s absent(e)s !
 
De la même manière, toutes les mesures réduisant la souffrance animale ont été rejetées : un signal fort en direction du ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Stéphane Travert, fervent défenseur de l’agrochimie intensive qui peut désormais compter sur le désintérêt de nos parlementaires pour revenir aussi sur l’interdiction des néonicotinoïdes, une famille d’insecticides tueuse d’abeilles. Pendant ce temps, les fermes-usines se développent, la biodiversité s’effondre et la France, incapable de répondre à la forte hausse intérieure de produits bio, continue d’importer des œufs bio et du porc bio. Cherchez l’erreur…
 
 [1] selon le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC)

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