Congrès des Républicains : la droite se cherche un leader entre Wauquiez et Retailleau

La campagne des Républicains (LR) a été virile, mais au final correcte. Le parti ne s’est pas déchiré, c’était l’une des craintes en interne. Pas de combat des chefs comme lors du duel Fillon-Copé en 2012. Il n’y a pas eu non plus de psychodrame comme lors de l’éviction d’Eric Ciotti après son alliance avec le RN. Bruno Retailleau, comme Laurent Wauquiez, ont mené un combat pied à pied avec des thèmes très marqués dans un contexte de droitisation de la politique française. 

Deux candidats qui poussent la barre à droite

"Le côté droit de l'échiquier court après les bons scores du RN. Donc il faut aussi répondre à ce que la droite considère comme des demandes. Ils se sont un peu partagé les thématiques, d'une certaine manière. À savoir ce que Wauquiez appellerait l'assistanat et la question du travail, et Retailleau sur les questions sécurité et d'immigration", constate Virginie Martin, politologue et enseignante à Kedge Business School.

Il faut aussi répondre à ce que la droite considère comme des demandes

Ce qui a valu des propositions souvent radicales, voire iconoclastes de la part de Laurent Wauquiez. "Mais dans un contexte d’élection interne, cela n’a rien d’étonnant. Du point de vue des militants, cela peut avoir du sens", souligne Jean Peteaux, politologue et enseignant à Science Po Bordeaux.

La présidentielle de 2027 dans le viseur

Au-delà de la prise de pouvoir au sein des LR se dessine l’enjeu de la présidentielle de 2027. Entre le RN, les macronistes et Horizon, l’espace est réduit pour le parti de la droite traditionelle. Deux stratégies différentes s’affrontaient durant la campagne interne. "Faut-il rester à l'intérieur du gouvernement au risque d'être considéré comme complice de la politique menée ? Ou faut-il adopter la fameuse position qui est celle du soutien sans participation, interroge Jean Peteaux. L'idée étant de dire 'Comme ça, on ne pourra pas nous reprocher un certain nombre de mesures politiques, ou surtout... Des absences de mesures politiques d'ici 2027'", résume le politologue.

Qui part favori ?

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, fait toujours figure de favori, du moins dans l'opinion, en raison de sa relative popularité. Virginie Martin a compilé les enquêtes d’opinions avec le think tank Spirales. Et selon un sondage Ispos, Bruno Retailleau a ainsi les faveurs de 65 % des sympathisants LR. "Le ratio est important, tous les sondages dont on a fait la synthèse montrent la même chose, quand même une prime assez forte pour à Bruno Retailleau. Laurent Wauquiez est parti un peu tard en campagne. Il a perdu un petit peu de notoriété quand même ces dernières années, et Bruno Retailleau bénéficie de l'effet ministre de l'Intérieur."

Il existe une prime assez forte pour à Bruno Retailleau

Mais ce sont les adhérents qui votent. Et, de ce côté, la dynamique militante a été marquée par un triplement des adhésions depuis février. Le parti compte désormais environ 100 000 cartes. "Cela rend le scrutin plus incertain. Wauquiez ou Retailleau ne seront pas élus dans un fauteuil. C'est mon sentiment, car c'est très compliqué, entre autres, de sonder les intentions de vote des militants. Et intervient aussi cet afflux d'adhésions", estime Jean Peteaux.

Le duel entre ces deux figures de la droite a redonné des couleurs aux Républicains, plombés par l'épisode Ciotti, et auparavant par le très mauvais score de Valérie Pécresse en 2022. Le résultat sera connu en principe dimanche. Le nom du gagnant déterminera l’orientation des Républicains, tant par rapport au gouvernement actuel que pour l'échéance de 2027.