Conclave : le cardinal Barbarin explique cette semaine d'entre-deux-papes

Parmi les cinq cardinaux français qui vont participer au conclave figure l'archevêque émérite de Lyon, Mgr Philippe Barbarin. Le cardinal lyonnais fait désormais presque figure de vétéran dans le collège cardinalice puisqu’il participe pour la troisième fois à l'élection d’un pape.

Créé cardinal en 2003 sous Jean-Paul II, Mgr Barbarin avait déjà participé au conclave pour les élections de Benoît XVI en 2005 et de François en 2013. 

« Quand on arrive à Rome pour élire un pape, on a quelques petites idées, assure l'expérimenté prélat. Après, lors des congrégations générales, on échange entre cardinaux sur la situation de l'Église aujourd'hui, notre regard sur les apports du pontificat de François, sur les lignes à renforcer ou à retrouver après lui ».

C'est très intéressant parce qu'on entend des choses vraiment du monde entier. Chacun parle avec un amour pastoral de son pays. C'est très beau. Quand le cardinal chinois se lève et qu'il parle de Hong Kong et qu'ensuite l'autre cardinal chinois se lève et qu'il parle de Pékin en disant exactement le contraire, ça fait un petit choc. 

Les prises de parole s'enchaînent, chaque cardinal peut prendre la parole s'il le souhaite. « Ce ne sont pas tellement les "gros" pays qui parlent, note Mgr Barbarin, l'Amérique, l'Italie, la France, l'Allemagne parlent moins. Pour nous, les cardinaux, il est important d'entendre la vie de l'Église dans tous les coins du monde, y compris ceux qui risquent d'être un peu oubliés. C'est vraiment très enrichissant ».

L'élection d'un pape se joue donc dans cette semaine-clé d'entre-deux-papes. Au fur et à mesure des prises de parole lors des congrégations générales, deux ou trois figurent de cardinaux émergent.

Une formation de père à père

80 % des cardinaux qui vont participer au conclave de mai 2025 ont été créés par le pape François. Cette rencontre à Rome au complet est donc inédite. C'est également l’occasion de se former entre pairs (ou pères). D'un côté les plus expérimentés et de l'autre les petits nouveaux. Mgr Philippe Barbarin prévoit par exemple de prodiguer ses conseils si certains cardinaux viennent lui en demander. 

Lors de mes premiers conclaves, j'étais content de discuter avec des "chevronnés" si je puis dire, ceux qui me disaient, "ne te préoccupe pas de ça", ou "lui est très important, écoute-le bien". Le cardinal qui vient d'arriver ne connaît pas très bien le fonctionnement. Il a besoin qu'on lui explique un peu les choses. Un cardinal peut en déstresser un autre, en expliquant simplement des fonctionnements. Si l'un me dit "je n'ai rien compris à ce qu'a dit untel", je lui réponds "non, je le connais très bien, je peux t'expliquer" ou bien, au contraire, "non, on ne comprend jamais rien à ce qu'il dit".

Ces discussions en journée dans la salle Paul-VI du Vatican peuvent se prolonger le soir à table entre cardinaux d’un même pays. Le cardinal Barbarin envisage par exemple d’échanger lors de son dîner quotidien avec Mgr Aveline et Mgr Bustillo au Séminaire Français de Rome, où ils logent tous les trois, pour savoir ce qu’ils ont retenu de leur journée. Parler et dialoguer, avant un vote au conclave qui se fera dans le silence de la prière.
 

Cinq cardinaux français vont participer à ce conclave : 

• Mgr Philippe Barbarin, archevêque émérite de Lyon
• Mgr Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille
• Mgr François-Xavier Bustillo, évêque d'Ajaccio
• Mgr Christophe Pierre, nonce apostolique aux États-Unis
• Mgr Dominique Mamberti, actuel préfet du Tribunal supérieur du Saint-Siège et cardinal protodiacre. C'est lui qui prononcera la fameuse formule « Habemus papam » à la loggia de la basilique Saint-Pierre à la fin du conclave et qui aura la charge d'annoncer le nom du nouveau pape.

À cette liste, on peut ajouter Mgr Jean-Paul Vesco, Lyonnais de naissance et aujourd'hui Franco-Algérien. À ce titre, l'archevêque d'Alger est comptabilisé comme évêque africain et non français.

Trois autres Français font partie du collège cardinalice mais ne participeront pas au conclave en raison de leur âge, ayant dépassé les 80 ans : Mgr Paul Poupard, Mgr André Vingt-Trois et Mgr Jean-Pierre Ricard.