Conclave 2025 : l’enjeu de l’unité pour le nouveau pape

Le conclave, cette année, sera-t-il l'un des plus imprévisibles de l'Histoire ? Un nombre important de cardinaux nommés par le pape François viennent des "périphéries" de la planète, ne se connaissent pas. Les congrégations générales, qui se tiennent à huis clos, permettent aux 133 prélats électeurs de discuter des défis de l’Église et de partager leurs réflexions sur les enjeux du prochain pontificat. Les discussions dessinent en creux un portrait-robot. 

Le témoignage de l'unité de toute l'humanité

Au-delà de son passeport, le point d'attention du futur souverain pontife porte sur ses positions autour d'enjeux existentiels pour l'Église. "Je pense que dans le contexte actuel, un point important que le pape François a commencé à initier et qu'il va falloir continuer, c'est la question du témoignage de l'unité de toute l'humanité", explique Thérèse Dussartel, professeure de philosophie, membre du Café atelier Le Dorothée. Dans Fratelli tutti, le pape François a vraiment parlé du fait que l'Église doit témoigner."

Dans un monde où la polarisation est de plus en plus importante, les conflits et les tensions montent, la paix devient de plus en plus incertaine. "Aujourd'hui, les institutions internationales ne semblent plus être à la hauteur, ne semblent plus être capables de faire unité, d'être vraiment un lieu de diplomatie. Il me semble que l'Église catholique, dans le sens de catholicité universelle, doit jouer ce rôle", souligne la philosophe.

Une question centrale

"Je trouve que la question de l'unité est absolument centrale et nécessite d'être bien comprise, abonde Jean de Saint-Cheron, écrivain chroniqueur à La Croix. Quelle que soit la vision des choses. C’est l'unité du genre humain. Cette idée de fraternité de tous. Qui dit ça ? Quel autre chef d'État est capable d'avoir une parole aussi radicale ? Nous sommes tous frères, sans aucune exception. On peut voir qu'il y a aussi une autre définition de la question de l'unité qui a été pas mal utilisée ces dernières semaines, constituant une espèce de critique à moitié déguisée du pontificat de François, qui aurait divisé non pas le genre humain, mais l'Église catholique en son sein."

"Les cardinaux cherchent un bon pasteur, quelle que soit son origine. C'est important pour eux de choisir la bonne personne, quel que soit son pays d'origine, qui puisse parler à tous. C'est une vraie difficulté de chercher un pasteur qui soit en mesure d'adapter. Sa culture, sa connaissance de l'Église aux dimensions universelles", analyse de son côté Étienne Pépin, rédacteur en chef RCF-RND.

Lundi, une méditation a été donnée par le bénédictin Donato Ogliari, pour accompagner les cardinaux dans leur réflexion. Il a dressé le portrait-robot spirituel du prochain pape : "Il devra porter avec courage et douceur le poids de l’Église, avancer sans peur dans les défis du temps présent, et être pour tous un signe vivant de la proximité miséricordieuse du Seigneur".