Comment le Défi Anti-gaspi transforme le gaspillage en levier de performance
Chaque année en France, 4 millions de tonnes de nourriture sont gaspillées. Pour aider les entreprises à réduire leurs pertes et à engager une transition écologique concrète, la CCI de la région Auvergne-Rhône-Alpes, en lien avec l’Ademe, a lancé le “Défi Anti-gaspi”. Entre accompagnement technique, conseils pratiques et résultats rapides, le dispositif séduit les entreprises, comme en témoigne Marine Velly, entrepreneure engagée, et lauréate coup de cœur du jury du Défi Anti-gaspi.
Comment le Défi Anti-gaspi transforme le gaspillage en levier de performance - © RCF LyonC’est l’enjeu du siècle : comment les entreprises peuvent-elles réussir leur transition écologique, tout en restant vertueuses ? Chez les commerçants de proximité, le défi n’est pas nouveau : avec 4 millions de tonnes de gaspillage alimentaire en moyenne chaque année, les TPE/PME repensent leur modèle. « On fait les paniers Too Good to Go, qui étaient les invendus de la veille. Ça nous permet de valoriser des produits au lieu de les jeter », concède Marine Velly, co-gérante de la boulangerie Mamie, dans le Nord-Isère. Elle a souhaité aller plus loin dans son engagement grâce au Défi Anti-gaspi, mis en place par la Chambre de Commerces et d’Industries régionale et l’Ademe, destiné à accompagner les professionnels dans une transition écologique concrète, mesurable et surtout… rentable.
Un accompagnement concret pour agir vite
Pour Marine Velly, le Défi Anti-gaspi et l’accompagnement de la CCI Nord-Isère a été un véritable révélateur. « Cela a apporté une autre dynamique. On a analysé ce qui était trop perdu et moins vendu. Ça nous a fait gagner du temps au niveau de la production mais aussi d’un point de vue économique ». Franck Dumaitre, directeur régional de l’ADEME abonde : « on embarque tous les acteurs privés. Lorsque l’on apporte un euro à une entreprise, elle investit trois euros dans les territoires. La transition écologique est importante pour le développement de nos territoires ».
Du côté de la CCI de la région Auvergne-Rhône-Alpes, son président Philippe Guérand rappelle à quel point l’accompagnement de la transition écologique des entreprises représente « le cœur de la mission attribuée par l’Etat ». Avec un rôle de facilitateur, les conseillers de proximité des différentes Chambres de commerces et d’industries des territoires permettent d’avoir un regard objectif sur la situation d’une entreprise. Lorsque son dirigeant a la tête dans le guidon, il ne voit, parfois, pas de solutions concrètes pour améliorer le modèle économique et environnemental de l’entreprise. « Lorsque l’on regarde au quotidien, nous n’avons pas le recul nécessaire », admet Marine Velly, à la tête de la boulangerie de sept salariés.
La transition écologique ? C'est du gagnant-gagnant
Franck Dumaitre, directeur régional de l'ADEME
Philippe Guérand, président de la CCI région Auvergne Rhône Alpes
Marine Velly, lauréate coup de cœur du jury du Défi Anti-gaspiUne transition écologique long terme
Si pour Marine Velly, les valeurs environnementales et les enjeux climatiques sont ancrées depuis son plus jeune âge, la mission de l’Ademe et de la Chambre de Commerce et d’Industrie ne se résume pas au simple accompagnement. « Il faut sensibiliser », assure Philippe Guérand, qui explique tout de même observer « une prise de conscience chez les chefs d’entreprise ».
Pourtant, le modèle proposé est extrêmement vertueux. « C’est gagnant-gagnant », se félicite la co-gérante de la boulangerie. « Oui, on peut gagner de l’argent tout en préservant l’environnement », sourit Franck Dumaitre, de l’ADEME, prenant l’exemple de la boulangerie de Marine Velly. Il concède pourtant : « on sait que les investissements ne sont pas toujours rentables à très court terme. Il faut penser à des investissements à plus long terme. La transition écologique se fait sur le temps long ! ».
Une sensibilisation des salariés essentielle
Au sein de la boulangerie Mamie, des changements sont déjà visibles. « On essaye de mettre moins d’emballages, des sacs réutilisables. D’un point de vue écologique et économique, c’est bénéfique », explique Marine Velly qui a dû aussi éduquer ses sept salariés. « Ce n’est pas toujours évident, on n’a pas les mêmes valeurs de base, la même éducation, la même sensibilité à ces enjeux là. [...] Mais on a une équipe vraiment très soudée ».
Philippe Guérand, président de la CCI régionale, en est persuadé, le volet économique motive les chefs d’entreprise à éduquer leurs salariés : « réduire à la source les déchets organiques, consommer moins de matières premières, faire du compostage ou de la méthanisation à la fin ». Autant d’idées d’améliorations pour aider et accompagner les commerces de proximité à réduire leur gaspillage alimentaire, leur empreinte carbone, et débuter une véritable démarche de transition écologique.
Toutes les entreprises sont concernées par les enjeux de transition écologique. L’union fait la force
Entre la CCI régionale et l’ADEME, un partenariat de la première heure
Pour la première région industrielle de France, être au rendez-vous de l’histoire de la transition écologique fait partie des priorités. Dès le début des années 2000, la CCI régionale et l’ADEME l'ont bien compris en signant une convention d’une partenariat historique.
« Nous avons été les premiers et les seuls à porter cette thématique de transition écologique des entreprises. On l’a porté ensemble, puis nous avons évolué, au fil des enjeux réglementaires, des enjeux environnementaux, et sociétaux », assure Philippe Guérand, dont la cible d’accompagnement sont bien les TPE/PME. « Toutes les entreprises sont concernées par les enjeux de transition écologique. L’union fait la force », résume Franck Dumaitre de l’Ademe.


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