Collège sans smartphones : une pause numérique réussie à Latillé
Depuis la rentrée 2024, le collège de Latillé a banni les téléphones portables dans l'enceinte de l'établissement. Bien avant le lancement officiel du dispositif national de « pause numérique » annoncé par la ministre démissionnaire de l’Éducation, Élisabeth Borne, à la rentrée 2025, l’établissement avait déjà pris les devants. Une initiative ambitieuse, pensée avec les élèves et les familles, qui porte aujourd’hui ses fruits.
La pause numérique se généralise au collège en cette rentrée 2025.« Le mot interdiction est un peu fort », précise Cyrille Savary le chef d’établissement. « On a surtout voulu travailler avec les élèves et leur redonner le pouvoir sur leur usage du numérique. » Une démarche basée sur le constat que le climat scolaire devenait mauvais : augmentation des incivilités, prises de photos dans les vestiaires ou les sanitaires, vidéos en classe ou sur les temps de pause, parfois à l’insu d’élèves ou d’enseignants.
L’établissement faisait face à une véritable problématique de gestion du temps d’écran. « L’infirmière constate, dans ses entretiens, une fatigue chronique chez certains élèves, due à une mauvais sommeil lié à une forme d’addiction numérique », rapporte le directeur. Pour y remédier, une addictologue intervient régulièrement et travaille en lien avec les familles.
La pochette verrouillable : une solution simple et efficace
Dans un collège où 80 % des élèves possèdent un smartphone ( chiffre du dernier baromètre numérique), la mise en place d’un tel dispositif ne s’improvise pas. « On a refusé de stocker les téléphones nous-mêmes, pour des raisons de logistique et de sécurité ".
investir dans des casiers individuels aurait coûté environ 20 000 euros à l'établissement »
À la place, le collège a opté pour une solution innovante et responsabilisante : une pochette individuelle verrouillable. Chaque élève peut investir dans une pochette à 7 euros, qu'il garde sur lui, mais ne peut pas l’ouvrir sans passer par un dispositif aimanté spécifique, disponible à la sortie de l’établissement. Résultat : le téléphone reste inaccessible toute la journée, sans être confisqué.
Cette mesure repose sur le règlement intérieur : soit l’élève ne vient pas avec son téléphone, soit il le place dans la pochette verrouillée. Et ça fonctionne . « Avant, on était obligé de confisquer 10 téléphones par semaine. L’an dernier, le chiffre est tombé à 10 sur l’année entière », se félicite Cyrille Savary.
Retrouver du lien, de la concentration et des activités
Privés de leur « doudou numérique », les collégiens se tournent à nouveau vers les autres. Des activités ont naturellement repris : ateliers jardinage, jeux de société au foyer socio-éducatif, davantage de communication entre élèves.
Un sondage interne révèle également que 20 % des enseignants ont noté une amélioration du climat en classe.
« Les élèves sont plus disponibles, plus attentifs. On les sent plus présents. »
Le collège n’a pas seulement demandé un effort aux élèves. L’équipe éducative elle-même s’est imposée une pause numérique : plus de mails ni de messages envoyés entre 22h et 7h, ni le week-end. « Cela permet de prendre du recul avant de répondre à un message, d’éviter des tensions inutiles et d’instaurer une vraie culture de la déconnexion. »
Aujourd’hui, la moitié des 440 élèves du collège sont équipés de la fameuse pochette, et les autres laissent tout simplement leur téléphone chez eux. Plusieurs établissements du département de la Vienne ont d’ores et déjà adopté cette solution.
