Climat, justice, liberté : quand la foi s’engage pour le climat

Un article rédigé par Philomène Dubois - RCF, le 30 septembre 2025 - Modifié le 30 septembre 2025

L'Invité de la MatinaleAvant la COP 30, les chrétiens se mobilisent pour le climat

Ils étaient plusieurs dizaines de milliers dimanche 28 septembre à défiler partout en France. Leur mot d'ordre : Climat, justice, liberté. À moins de deux mois de la COP30 au Brésil, c'était un moyen de rappeler l'importance de la lutte pour la sauvegarde de notre maison commune. Pour les chrétiens, cette manifestation résonne avec le Temps pour la Création, le rendez-vous spirituel voulu par le pape François au mois de septembre. Il s'achèvera le premier week-end d’octobre. Pour décrypter la situation : Martin Kopp, théologien écologique protestant, et Julia Rossi, coordinatrice de GreenFaith au Brésil.

Marche des resistances, climat, justice, liberte a l initiative de 12 organisations en echo aux manifestations des leaders autochtones d Amerique latine et du Pacifique, le mouvement #DrawTheLine a Paris, France le 28 Septembre 2025. © Carine Schmitt/ Hans Lucas

Les organisateurs ont annoncé 70 rassemblements dans toute la France, notamment à Paris, Strasbourg, Bordeaux et Lyon, "pour affirmer qu’un autre avenir est possible face aux crises écologique, sociale et démocratique."

GreenFaith : l’engagement des traditions

Parmi les nombreuses organisations mobilisées, Martin Kopp et Julia Rossi ont représenté le mouvement GreenFaith dimanche. Cette organisation interreligieuse internationale est très implantée au Brésil, en Indonésie, au Japon, dans une douzaine de pays d’Afrique, ainsi qu’en Europe, notamment en France. Son objectif est d’unir des personnes de différentes traditions autour d’une cause commune. Ce week-end, la mobilisation portait sur la justice climatique et sociale.

Ça progresse dans les autres traditions mais pas aussi vite que ce qu'on pourrait souhaiter.

Les différentes traditions représentées par GreenFaith ont, depuis la COP21, mené un travail de prise de conscience et d’action pour le climat, explique Martin Kopp. Pour le théologien écologique, "le christianisme est le plus avancé pour une raison que l'on connaît : il a été accusé d'être pour partie à l'origine de la crise environnementale que nous connaissons. Ça progresse dans les autres traditions mais pas aussi vite que ce qu'on pourrait souhaiter."

Lier la foi à l’action

Chaque année, du 1er septembre, qui est à l’origine une journée pour la Création dans le monde orthodoxe, jusqu'au 4 octobre, à l’occasion de la Saint-François d'Assise, il y a de manière œcuménique un Temps pour la Création. "C'est devenu vraiment un temps partagé où, à la fois, on célèbre, on est dans une contemplation, et à la fois, on s'engage, on est dans la lutte", se réjouit Martin Kopp. L’objectif des mouvements chrétiens est, durant ce temps, de lier leur foi et l’action nécessaire aujourd’hui à la sauvegarde de la création.

C'est devenu vraiment un temps partagé où, à la fois, on célèbre, on est dans une contemplation, et à la fois, on s'engage, on est dans la lutte

Pour Julia Rossi, coordinatrice de GreenFaith au Brésil, il était nécessaire d’être ce week-end à Paris pour partager ce qu’ils vivent sur le terrain au Brésil. Le pays d’Amérique latine est en effet bien plus soumis aux conséquences du réchauffement climatique que ce que nous pouvons percevoir en France. Cet impact climatique touche plus particulièrement les populations pauvres et les communautés racisées, issues de l’immigration postcoloniale de ces pays. Martin Kopp témoigne qu’"il y a exacerbation des événements météorologiques. Et donc, quand il y a la saison sèche, les rivières disparaissent, les enfants ne peuvent plus aller à l'école, les pêcheurs ne peuvent plus pêcher, vous perdez vos moyens de subsistance, etc. Et inversement, pendant la saison des pluies, il y a tellement de pluies aujourd'hui que vous avez d'énormes inondations, des villages qui sont submergés et des personnes qui perdent leurs moyens de subsistance."

Le 10 novembre commencera à Belém, au Brésil, la prochaine COP. Julia Rossi espère que la notion de justice climatique et les impacts locaux du changement climatique y seront abordés.