Chez Fairebel, des agriculteurs qui refusent de brader leur métier
Au Salon de l’Agriculture de Libramont, les producteurs de Fairebel défendaient une idée simple mais devenue rare : un litre de lait doit payer le travail qu’il exige. Rencontre avec Yves-Marie Desbruyères, 58 ans, paysan depuis toujours et l’un des visages d’une agriculture qui se bat pour rester debout.
©FairebelChez Fairebel, ils se présentent d’abord comme des paysans. Des hommes et des femmes pour qui l’élevage est une vie entière, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Yves-Marie Desbruyères en est l’exemple parfait. À 58 ans, il n’a pris qu’une seule fois de vraies vacances.
Sa journée commence à 5 h et se termine rarement avant 20 h. Parfois, il se relève au cœur de la nuit pour assister une vache à vêler. Ce sont des journées lourdes, dit-il simplement, comme on énonce une évidence.
Autour de lui, à Libramont, le brouhaha des bovins se mêle aux conversations. Il a laissé son troupeau pour venir tenir le stand de Fairebel, convaincu que la bataille se joue aussi ici : expliquer, montrer, défendre.
Une filière au bord du gouffre
La crise de 2008 a durablement ébranlé les agriculteurs. L’effondrement des prix, les excédents européens, la hausse des coûts de production : tout concourait à rendre le métier intenable.
Encore aujourd’hui, beaucoup livrent leur lait en dessous du prix de revient, une situation qui fragilise les exploitations et accélère la disparition des fermes familiales.
« On est dans une société de consommation où c’est le business qui compte » résume Yves-Marie. Un constat dur, mais partagé par des centaines de producteurs.
De la révolte à la solidarité : la naissance de Fairebel
Après les actions coup de poing et la colère, une autre voie s’est ouverte : celle de l’organisation collective.
Née de la crise du lait en 2009, la coopérative Fairebel rassemble aujourd’hui plus de 500 agriculteurs engagés dans une agriculture équitable, locale et familiale.
Le principe est transparent : chaque litre de lait vendu sous la marque apporte une rémunération équitable dans une caisse commune. Les montants sont redistribués à parts égales, quelle que soit la taille de l’exploitation, et les prix recommandés en magasin garantissent une juste répartition entre les acteurs de la filière, en commençant par le producteur.
Avec le temps, l’initiative s’est élargie. Après les produits laitiers, la coopérative a accueilli des producteurs de fruits et de viande bovine, sans jamais renoncer à ses valeurs de départ.En offrant des prix justes aux agriculteurs et des produits de qualité aux consommateurs, Fairebel propose une réponse concrète aux dérives d’une chaîne alimentaire qui broie souvent ceux qui la font vivre.
Pour des paysans comme Yves-Marie Desbruyères, c’est une manière de reprendre la main sur leur métier et de rappeler que l’alimentation a un coût... celui d’un travail digne.


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