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Charlotte Bazelaire : « Je crois en l’humain »

Charlotte Bazelaire : « Je crois en l’humain »

Un article rédigé par Théo Leunens - RCF Namur, le 1 juillet 2025 - Modifié le 1 juillet 2025
Du vent dans les voilesDites : Madame la Bourgmestre !

Elle n’avait jamais imaginé faire de la politique, encore moins devenir bourgmestre de Namur. Et pourtant, c’est bien elle qui incarne aujourd’hui une nouvelle page de la ville. Première femme à occuper cette fonction depuis des décennies, Charlotte Bazelaire reste fidèle à ce qui la guide depuis toujours : l’écoute, la proximité… et la confiance en l’autre.

Adrien Chardome, Myriam Tonus et Charlotte BazelaireAdrien Chardome, Myriam Tonus et Charlotte Bazelaire

Charlotte Bazelaire ne vient pas d’ailleurs. Elle est née à Namur, elle y a grandi, y a étudié, y a travaillé, et aujourd’hui, elle y gouverne. Son histoire personnelle se confond avec celle des rues de la ville, en particulier celle de la rue de la Croix où se trouvait le magasin de ses parents. Une boutique spécialisée dans l’art de la table, les listes de mariage et le mobilier, qui a servi de décor à son enfance. Petite, elle jouait à la dînette avec de vrais objets ; plus tard, elle y passera derrière la caisse, étiquettera les articles, s’occupera des clients.

Si elle avait juré ne jamais travailler dans le commerce familial, elle y restera finalement 17 ans, preuve que la vie suit rarement les plans qu’on trace dans l’enfance. Ce quotidien partagé avec ses parents et ses trois frères et sœurs a forgé son caractère. « Ça forge », dit-elle simplement. Car vivre au-dessus du magasin, c’était aussi être constamment mobilisé, toujours prêt à rendre service. Mais c’était surtout une immersion permanente dans la réalité de la ville, une école de la vie en miniature.

Des passions multiples, un parcours inattendu

Curieuse de tout, Charlotte Bazelaire a toujours eu l’énergie de celles et ceux qui veulent goûter à la vie sous toutes ses formes. Soutenue par ses parents dans toutes ses envies, elle multiplie les activités : près de vingt ans de hockey, les mouvements de jeunesse, la lecture, et une passion plus rare : la reliure-dorure. 

Après une tentative en archéologie à Namur, elle se réoriente vers la reliure, puis poursuit des études en communication anthropologique à Liège. Ce choix n’est pas anodin. Elle veut comprendre les autres, rencontrer le monde. Son mémoire de fin d'études l’emmène au Bénin, sur le terrain, là où les sociétés se dévoilent dans leurs interactions. Son ambition était claire : devenir anthropologue de terrain. Mais une fois encore, la vie en a décidé autrement.

Son retour à Namur, les opportunités professionnelles, sa relation de couple, et l’appel du commerce familial vont redessiner ses projets. Et elle n’a aucun regret : ses études lui servent chaque jour, dans sa manière d’écouter, de comprendre les gens, de ne pas juger trop vite. Pour elle, l’anthropologie, c’est une boussole discrète mais précieuse dans la vie publique.

La politique, une suite logique et imprévue

Si la politique ne faisait pas partie de ses ambitions initiales, elle s’est imposée presque naturellement. Sa mère siégeait au conseil communal en tant que représentante des indépendants. Lorsqu’elle décide de tourner la page, Maxime Prévot propose à Charlotte Bazelaire de reprendre le flambeau. Elle hésite, puis accepte. Les élections vont transformer l’essai : elle est élue échevine.

À cette époque, ses parents partent à la retraite. L’idée de relancer un petit magasin plus intime était dans l’air. Mais la politique prend le dessus. La boutique ne rouvrira pas. Le destin, une fois encore, redistribue les cartes.

Et puis, un événement décisif : Maxime Prévot devient ministre. Charlotte Bazelaire, arrivée deuxième en voix de préférence, accède au poste de bourgmestre faisant fonction. Et ce n’est évidemment pas un simple intérim. Elle exerce pleinement la fonction, avec la même légitimité que si elle avait été nommée officiellement. 

Ce n’est pas une charge à prendre à la légère.

Elle s’y est plongée sans attendre.

Une femme bourgmestre de Namur, un symbole fort

Diriger une grande ville wallonne en tant que femme reste un fait rare : cela ne s’était plus vu depuis plus de 75 ans (Charlotte Bazelaire tient toutefois à rappeler qu’avant elle, Anne Barzin a également exercé la fonction de bourgmestre faisant fonction à Namur, même si ce rôle ne portait pas encore officiellement ce titre à l’époque). Charlotte Bazelaire en est pleinement consciente. Elle mesure le symbole, la portée, la responsabilité.

 J’ai reçu beaucoup d’encouragements. Bien sûr, il y a eu des critiques. Mais aussi énormément de gens heureux de voir une femme à la tête de Namur.

Elle ne fait pas de son genre une revendication quotidienne, mais elle sait que sa place, aujourd’hui, compte pour d’autres. Elle agit pour toutes les femmes, de manière concrète, en occupant cet espace longtemps réservé aux hommes. 

Équilibrer pouvoir et vie personnelle : un défi constant

Être bourgmestre, c’est un engagement total. Mais Charlotte Bazelaire tient à préserver un équilibre. Elle peut compter sur un entourage solide : un mari très présent pour les trajets scolaires, des parents toujours disponibles pour donner un coup de main. « Tout le monde me protège et me soutient », confie-t-elle avec gratitude.

Elle veille à rester présente pour ses enfants, malgré la charge. Récemment, en période d’examens, elle a fait le choix de travailler depuis la maison. « C’est important, pour eux et pour moi, que je sois là. » Elle tient à ces moments précieux, à cette normalité qui équilibre l’intensité du rôle politique.

Croire en l’humain

Dans une époque marquée par les tensions sociales, la violence sur les réseaux et la montée du cynisme, Charlotte Bazelaire garde une foi tenace en l’humain. Une conviction ancrée dans son parcours d’anthropologue : « J’ai rencontré tant de personnes résilientes.»

Elle croit que le changement viendra par la proximité, par le terrain, par ces gens qui donnent tout sans rien attendre. Pour elle, il suffit parfois d’ouvrir la porte, de tendre la main, d’écouter. Cette croyance en la bonté des autres guide son engagement, donne sens à son action.

Je crois en l’humain. Je suis sûre que l’humanité peut faire de bonnes choses. Il suffit d’ouvrir la porte, de rencontrer les gens. 

Image d'illustration © Pixabay -  Logo du vent dans les voiles © RCF Sud Belgique
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Du vent dans les voiles
Image d'illustration © Pixabay -  Logo du vent dans les voiles © RCF Sud Belgique
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