"C'est l'envie de vivre qui m'a fait arrêter la cigarette" : Yannick, savoyard, se confie
Quatre millions de fumeurs quotidiens en moins, en à peine une décennie : c’est le dernier bilan dressé par Santé publique France. Et c’est aussi une victoire sur cette addiction qui représente la principale cause de décès évitable en France. Le tabagisme est responsable de 200 morts chaque jour. Parmi les actions qui permettent de changer les habitudes des fumeurs, le mois sans tabac, qui s’est refermé le 30 novembre. Témoignage en Savoie.
©PexelsDans les deux Savoie, des espaces sans tabac se sont développés à partir de 2019. C’est bien avant la réglementation mise en place le 1er juillet 2025 qui étend l’interdiction de fumer à de nombreux espaces extérieurs. Ce sera d’ailleurs le cas des pistes de ski, interdites aux cigarettes dès cet hiver.
Exit des pistes de ski
L'interdiction de fumer fait partie des mesures efficaces pour réduire le nombre de fumeurs. "Le mois sans tabac, mais aussi le remboursement des substituts nicotiniques et l'augmentation du prix du tabac ont permis d'aboutir, en 2025, à un niveau historiquement bas de fumeurs en France. Les populations statiques par département ne permettent pas d'avoir de données localisées, mais on sait par exemple que la prévalence du tabagisme en Auvergne Rhône Alpes est un peu plus faible qu'au niveau national. En France, 24 % des adultes fument dont 18% quotidiennement", développe Émilie Progin, coordinatrice du Mois sans tabac, pour l'association régionale Promotion santé. Du 1er au 30 novembre, le Mois sans tabac a offert au public la possibilité de consulter gratuitement un tabacologue. En Savoie, des ateliers ont été proposés mais aussi des formations pour les professionnels de santé habilités à prescrire des substituts nicotiniques (généralistes, sages-femmes, pharmaciens ou infirmiers). "La légitimité pour conseiller sur le sevrage tabagique ne va pas de soi. Les professionnels de santé ont parfois l'impression de ne pas parler en connaissance de cause, et quand ils sont fumeurs eux-mêmes, c'est encore moins évident ", souligne Anouk Gachet, médecin tabacologue au Centre hospitalier métropole Savoie à Chambéry.
Plus addictive que l'héroïne
Fumer tue est inscrit sur les paquets neutres des cigarettes depuis 2010. Pourtant, les fumeurs quotidiens sont 55% à déclarer vouloir arrêter, sans y parvenir. "L'addiction est une maladie chronique. La définition de cette dépendance considère la perte de liberté de choisir de fumer ou non. Cela explique que ce n'est pas parce que l'on veut que l'on peut. Il y a donc des ressources et des accompagnements à aller chercher. Même si le tabac est légal en France, il possède un pouvoir addictif qui dépasse celui de l'héroïne ou de la cocaïne. La nicotine vous attrape très vite et très fort", souligne la tabacologue.
Sauvé par l'envie de vivre
Yannick a fumé pendant une trentaine d'années. "À la fin, j'étais à un paquet et demi par jour", dit-il. Jusqu’à ce jour de mars 2023, où son cœur lâche, à seulement 45 ans. Cette crise cardiaque a été le déclic pour arrêter. "J'avais fait deux tentatives pour arrêter de fumer, mais il me manquait à chaque fois l'envie. C'est l'envie de vivre qui m'a fait arrêter. À travers l'arrêt du tabac, j'ai retrouvé ma force de caractère. Je pense qu'on oublie souvent la force de caractère que l'on a en nous. Pour ma part, elle m'a permis d'avancer dans ma vie en général. Aujourd'hui je suis en invalidité mais j'ai beaucoup de projets pour l'après. Je vais débuter une formation pour me reconvertir. Dans chaque moment difficile, il faut avoir des projets et surtout ne pas abandonner", raconte Yannick. Trente-deux mois après sa dernière cigarette, cet ex-fumeur consulte toujours la médecin tabacologue qui l’a accompagné dans les moments les plus compliqués. "Il y a encore trop de fumeurs dans mon entourage et cela me gêne beaucoup. J'essaie de montrer l'exemple et de dire à mes proches qu'ils peuvent y arriver", explique-t-il.



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