Chaque semaine, à travers sa chronique dans Midi Lorraine, Stéphane Jourdain nous livre son regard sur l'actualité. Ce jeudi, le prêtre de la paroisse de Montigny-les-Metz nous fait part de son humeur avant les fêtes de Noël.
Bonjour Stéphane Jourdain, de quoi voulez-vous nous parler aujourd’hui ?
Mon cher Michaël, il ne vous aura pas échappé que d’ici 2 dodos comme le disent les enfants, ou d’ici 2 jours et demi, nous serons à Noël… Et donc, logiquement, je vais vous parler de Noël. Ah Noël, l’esprit de Noël, les chants de Tino Rossi ou de Maria Carrey si vous préférez… La neige et les sapins, les cadeaux, voire si vraiment vous êtes en manque les téléfilms de Noël sur les chaines de Télé…
Noël, cette période bénie, où tout le monde se retrouve, où les grands parents revoient leurs petits-enfants, où l’on chante Douce nuit en mangeant un repas où l’on ne parle ni politique ni religion… Noël… Ce temps suspendu, où tout va bien…
Stéphane, je vous sens un peu ironique en disant cela…
Un poil, je l’avoue. Hier soir j’étais chez des paroissiens, et une personne de ce foyer me confiait l’envie d’inviter une personne seule pour cette fête. J’ai trouvé ça super. Du coup, Merci Sarah pour l’idée de cette chronique écrite après une bouteille de Pouilly Fuissé et quasiment une autre de Mercurey… Mais j’en reviens à cette idée d’inviter une personne seule. Auparavant, lors des repas familiaux, il y avait l’habitude de préparer un couvert de plus pour l’inconnu qui frapperait à la porte. Aujourd’hui, qui se risquerait à accueillir un inconnu à sa table, en famille, pour ce festin de Noël.
Pourtant, osons nous l’avouer, il y en aura des personnes seules le 24 au soir. Des individus qui n’auront personne qui les invitera, ou qui elles même d’ailleurs n’inviteront personne. Par manque de moyen, ou de relations sociales, ou par peur démontrer qu’elles sont seules… Alors que Noël c’est la fête de la rencontre, avec ce Dieu qui vient visiter l’homme et qui s’invite dans son monde…
Stéphane, je comprends, mais Noël, c’est une fête de famille, plus qu’un moment de rencontre…
Eh bien Michaël, allez dire ça à celui qui est à l’origine de cette fête : Jésus ! Il est né dans une étable, dans le village de ses ancêtres. Alors soit ils avaient tous émigrés, ce qui fait que plus personne de la famille n’était là, soit personne n’a accueilli se parents, obligeant Marie à accouche dans le foin. Et les premiers à venir voir l’enfant ne sont pas ses parents, cousins, ou je ne sais qui, mais des berges… La famille, à Noël, dans la Bible, elle est plutôt dysfonctionnelle. Ou alors c’est que Dieu vient peut-être nous dire que la famille, c’est avant tout tous nos frères, pas que ceux qui sont du même sang…Rassurez-vous, je ne vais pas vous demander d’inviter le SDF du coin le soir de Noël… Je sais que ce serait indécent pour le reste de la famille, et compliqué à mettre en œuvre. Mais il y a des personnes dans l’entourage de chacun de nous qui sont seules, qui vivent des drames parfois. Pourquoi ne pas penser à elles, prier pour elles, voire leur passer un petit coup de fil, un mail… Imaginez le cadeau pour ces personnes isolées. Et en disant cela, je pense aussi à ces 800.000 personnes qui ne pourront pas rejoindre leur famille, car la SNCF est en grève…
Vous n’allez pas me dire que vous êtes contre le droit de grève ???
Disons surtout que 2 % des cheminots, soit 3500 personnes, qui en empêchent presque 1 million de voyager en train, à l’heure de la transition écologique, ça fait tâche. Comment va-t-on dire à ces français, principalement des jeunes ou des personnes loin de leur famille, qu’ils ne doivent pas acheter de voiture si on les empêche de bouger ? D’un côté on a des injonctions folles pour défendre l’écologie, comme le fait de ne pas manger de viande car c’es trop polluant et que ça participe d’un système patriarcal, et de l’autre on n’entend plus ces même personnalité politiques quand ce genre de conflit social survient. Ou alors pour dénoncer le patronat qui n’est pas gentil et ne paye pas assez. Sauf que le patron de la SNCF, c’est ce même milieu politique. Regardez comment tout le monde se renvoie la balle pour le prix du métro à Paris… Alors prendre en otage 800.000 personnes avant Noël, les empêcher de vivre la joie des retrouvailles de fin d’année, c’est assez moyen comme cadeau. Y’a d’autres moments pour faire grève je trouve… Voilà, j’avais juste envie de le dire, car Benoît, vicaire à la paroisse, a dû raccourcir ses congés d’un jour et demi pour être là à Noël, et passer par conséquent moins de temps avec des amis. Benoît est togolais, et se retrouver avec des compatriotes avant Noël, pour quelques temps, c’est quand même chouette. Eh bien cette année ça aura duré moins longtemps…
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